Nous sommes le 25 juin 2025. 

Il est 7h du matin et Justine, jeune enseignante en histoire dans un collège de Clermont-Ferrand, se réveille. 

Mécaniquement, elle allume la radio et par réflexe elle cherche France Inter, France Culture ou France Info mais elle ne trouve que Cnews Inter, Cnews Culture et Cnews Info. 

Sur Cnews Inter, justement, un éditorialiste appelle à une manifestation devant le Conseil constitutionnel pour protester contre son refus d’entériner l’interdiction du voile et de la kippa dans l’espace public voulue par le gouvernement de Jordan Bardella. 

Puis, dans le journal de 7h, un journaliste qui suit l’armée russe semble se réjouir de voir les troupes de Poutine se rapprocher de Kyiv.  

Les autorités ukrainiennes se lamentent une fois de plus que la France et la Hongrie continuent de bloquer le paquet européen d’aide militaire et financière à la résistance. 

Le ministre des affaires étrangères Thierry Mariani appelle solennellement la Pologne et les Pays Baltes à ne pas soutenir Kyiv pour « ne pas ajouter la guerre à la guerre » . 

Une décision qui a été saluée par Jordan Bardella lors de sa première visite triomphale à la Maison Blanche en mars. 

Le Premier Ministre français a aussi levé les sanctions contre le pétrole et le gaz russe, comme il s’y était engagé. 

Ce cadeau à Poutine l’a aidé à financer massivement sa machine de guerre, plus puissante que jamais. 

À 7h30, Justine prend un petit déjeuner avec son mari, Léo. 

Il aurait dû être plus vigilant : le RN avait clairement annoncé ses intentions dans une loi constitutionnelle déposée en janvier 2024. 

Lui le franco-chilien dont les parents ont fui la dictature de Pinochet n’aurait jamais imaginé vivre cela. 

Lui l’amoureux de la France qui a accroché une photo géante de Badinter à l’Assemblée Nationale dans leur salon, on le soupçonne aujourd’hui de  « double allégeance »… 

À 8h, Justine emmène sa fille de 7 ans à l’école. 

Justine voudrait encore se battre, mais elle a fait tellement de manif pour rien l’année passée qu’elle commence à désespérer.  

À 9h, Justine prend les transports en commun pour se rendre à son collège. Dans la rue, on étouffe. Littéralement. Il fait 40 degrés.  

Une canicule historique s’abat sur la France, et ce ne sera pas la dernière. 

Le changement climatique s’accélère.   

À 9h30, dans la salle des professeurs, l’ingérence permanente de Marion Maréchal, la ministre de l’Éducation nationale, sur les programmes est sur toutes les lèvres.

Tous ses collègues, des professeurs d’économie à ceux de SVT, sont abasourdis par les nouvelles consignes qui tombent chaque jour.

La réécriture en cours de l’histoire de France est insupportable et Justine se demande combien de temps elle pourra continuer à enseigner sans avoir l’impression de se trahir. 

À l’heure du déjeuner, Justine entame une conversation avec son collègue Alioune. Il vient d’être papa pour la première fois, mais il est inquiet : son fils sera-t-il un jour français ? 

À cause de la suppression du droit du sol et du cauchemar juridique et administratif qui l’accompagne, chaque enfant doit désormais prouver sa filiation française par le sang. 

Il est 18h et Justine reçoit un message d’une amie : alors que le gouvernement organise depuis des mois la « chasse aux exilés et aux étrangers » dans le pays, toutes les subventions publiques de son association d’aide aux exilés ont été coupées. 

Elle doit fermer ses portes. 

Surtout celles qui œuvre pour la solidarité : retrait des financements publics à destination des associations hostiles aux principes du RN, dissolution d’association, réduction de la liberté d’association… 

Sur le chemin de retour du collège, Justine s’inquiète de la présence de plus en plus importante de sans-abris. 

Au contraire, loin des promesses de campagne, il a multiplié les cadeaux aux riches, aux grandes entreprises et aux possédants. 

Mais ce qui l’angoisse le plus, c’est que le nouveau quotidien qu’elle éprouve est de plus en plus difficile à raconter. 

Le matraquage des médias de Bolloré porte ses fruits et ses voisins la prennent pour une gauchiste enragée. 

Avec ses 300 députés, le RN engrange des millions de financements publics et est devenu le parti politique le plus puissant du pays. De loin. 

Dans le même temps, il a assuré sa mainmise sur le pouvoir avec le contrôle des services de renseignement et de la police. 

Cette perspective vous angoisse, vous aussi ? 

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