Des jeunes de 1975 aux jeunes de 2025 : des progrès sous-estimés, mais le déclassement n’est pas juste un sentiment…En 2024, trois Français sur quatre estiment que « c’était mieux avant ». Cette nostalgie ne touche pas que les personnes âgées : deux jeunes de moins de 35 ans sur trois partagent ce diagnostic.
Mais est-ce bien le cas ?
Dans la France d’aujourd’hui, un jeune de 30 ans vit-il moins bien qu’un jeune de 30 ans au milieu des années 1970 ? Pour objectiver la situation des jeunes, à cinquante ans d’intervalle, les chercheurs proposent une compilation de données couvrant les grands domaines du niveau et de la qualité de vie : diplômes, emploi, revenus et prélèvements, patrimoine et logement, conditions de travail, famille et temps libre. Qu’en ressort-il ?
C’était mieux avant, vraiment ? Aujourd’hui, Nicolas et Manon qui paient alors que leurs parents vivaient un âge d’or, celui des boomers ?
Sans prétendre à l’exhaustivité, sans sous-estimer non plus la diversité de situations des jeunes, qui ne sont pas un bloc (pas plus que les retraités), cette note vise à éclairer de la manière la plus précise et la plus large possible un débat profond et légitime.
Que voit-on réellement ? Dans beaucoup de domaines, les progrès sont incontestables entre la décennie 1970 et les années 2020.
Les jeunes d’aujourd’hui sont nettement plus diplômés que leurs aînés : plus d’un jeune sur deux (25-34 ans) est diplômé de l’enseignement supérieur, contre un sur cinq en 1975.
Mesurer un progrès ne passe pas seulement par les revenus ;
Les droits et les modes de vie sont souvent négligés dans le discours : ne manquons pas de relever que le temps libre, hors activités professionnelles et domestiques – a augmenté d’une heure vingt par jour entre 1974. Des jeunes de 1975 aux jeunes de 2025 : des progrès sous-estimés.
Mais le déclassement n’est pas juste un sentiment…
Et 2010 ! Et en parlant de Nicolas et Manon, on oubli de signaler que l’écart salarial entre femmes et hommes a été divisé par deux entre le début des années 1980 et aujourd’hui. N’oublions pas non plus qu’une femme de 30 ans en 1975 n’avait pas accès à la contraception au début de sa vingtaine ni l’autorisation de travailler sans le consentement de son mari.
Mais d’autres aspects montrent bien que le déclassement n’est pas juste un sentiment.
Les racines sont profondes. Il est d’abord lié à un recul des jeunes dans la hiérarchie des âges. Les moins de 30 ans sont moins nombreux qu’en 1975, et ne représentent plus qu’un tiers de la population (contre la moitié en 1975). Surtout, leurs salaires nets ont augmenté moins vite que ceux des autres actifs ; leur revenu moyen est aujourd’hui inférieur à celui des 50-54 ans, il était supérieur il y a quarante ans. Et il apparaît clairement que c’est entre 40 et 60 ans (un peu au-delà des jeunes actifs) que le poids du financement de la protection sociale pour chaque individu s’est alourdi depuis la fin des années 1970.
Trois domaines surtout illustrent et alimentent le malaise des jeunes actifs d’aujourd’hui : le patrimoine, le logement et le diplôme.
En cinquante ans, le patrimoine s’est largement concentré dans les mains des plus âgés : en 1986, le patrimoine médian des 30-39 ans était supérieur à celui des plus de 70 ans, il est aujourd’hui quatre fois inférieur. Cette concentration n’est pas sans lien avec le décrochage des jeunes dans l’accès au logement. Pour acquérir le même logement, avec le même taux d’effort et le même apport, là où il fallait dix ans de remboursement en 1975, il en faut vingt-trois en 2025… Et cet accès au logement est massivement plus inégalitaire aujourd’hui : dans le quart des jeunes (25-45 ans) les plus pauvres, seuls 17 % sont désormais propriétaires (contre 35 % en 1973) ; dans le quart des jeunes les plus riches, 67 % sont propriétaires (contre 43 % en 1973).
Si le niveau de diplôme moyen a augmenté, le niveau d’emploi obtenu n’a pas suivi :
Les formes d’emploi précaires se sont développées, notamment pour les jeunes femmes. Ce décalage croissant diplôme / emploi est frappant quand on étudie le niveau bac : en 2021, 36 % des diplômés du baccalauréat en emploi occupaient un poste d’ouvrier ou un emploi peu qualifié, contre 11 % seulement au début des années 1980. La valeur professionnelle du diplôme s’est dégradée au fil du temps : une bonne part du malaise des jeunes réside là.
Trois quarts des Français considèrent que c’était mieux avant y compris 67 % des moins de 35 ans.
Quand on demande toutefois aux plus jeunes de regarder l’avenir qui est devant eux, et non un passé qu’ils n’ont pas connu, l’optimisme est bien plus grand, supérieur à celui de toutes les classes d’âge : 56 % des 18-24 ans pensent qu’ils seront plus heureux en 2035 qu’aujourd’hui, contre 20 % pour les Français en moyenne. Et si c’était mieux demain ?
LE 21 OCTOBRE 2025 CLÉMENT BEAUNE Haut-commissaire à la Stratégie et au Plan JEUNESSE D’HIER ET D’AUJOURD’HUI :
OUPS ! Il y a urgence ! notre société est vieillissante !
En 2030 : 21 millions de personnes âgées
Des choix de société s’imposent et il est temps de dessiner les contours de la vieillesse heureuse : déjà confrontés aux déserts médicaux, les personnes âgées n’ont nulle envie de se trouver confrontés aux déserts de structures adaptées à leur situation.
Mais qui dessine les contours de la vieillesse heureuse
Les questions qui se posent aujourd’hui concernent le processus de décision, la définition des différentes orientations, à prendre pour anticiper sur les solutions à venir en matière d’accompagnement des personnes âgées, notamment en matière de logements et de stratégies d’accompagnement. Une alternative aux maisons de retraites s’impose avant qu’elles ne deviennent la solution ultime, et les options qui se dessinent restent très restreintes mais elles existent.
Actuellement ce sont rarement les personnes concernées qui structurent leurs projets de vie, ce sont les institutions, les élus qui dessinent les contours de la vieillesse heureuse.
Les subventions conditionnent les créations
Avant tout, ce qui dessine l’avenir des structures d’accompagnement du vieillissement c’est le fléchage des subventions. Si elles sont fléchées prioritairement sur les Maisons d’Accueil qui répondent pourtant à une très faible demande (2% des habitants rêvent de rejoindre ce type de structure) il y a peu de chance que des projets alternatifs voient le jour. D’autant que ces maisons sont gloutonnes en subventions parce que très coûteuses en réalisation et en fonctionnement.
3,3 millions d’euros en moyenne pour 3O personnes accueillies et 6 postes d’accompagnement
Maisons d’Accueil Rural pour Personnes Agées
C’est la solution qui est validée par les institutions
Les MARPA (Maisons d’Accueil Rural pour Personnes Agées)sont en construction dans de nombreux départements.
Le concept de maison d’accueil qui consiste à construire un immeuble accueillant des personnes de plus de 60 ans est devenu progressivement majoritaire.
C’est l’option préférée de nombreux élus.
Des investisseurs voient dans ces projets, la nouvelle manne de l’or gris, structures complémentaire des EHPAD dont l’image s’est effritée ces dernières années.
Même s’il est de bon ton d’affirmer que ces projets sont collaboratifs, ils se construisent souvent sans les utilisateurs potentiels.
C’est une bonne réponse aux attentes d’une petite partie de la population, mais ce sont des projets coûteux, difficiles à mettre en oeuvre :
MARPA : investissement moyen de 3,3 millions d’€ pour 30 logements
Loyers de 1000 à 1700€ par mois
La MARPA accueille des personnes âgées de plus de 60 ans, seules ou en couple, autonomes et valides (GIR 5 et 6).
Les personnes bénéficient d’activités, de vigilance en matière de soins, d’un accompagnement pour organiser, coordonner un projet de vie et de santé qui reste à leur charge.
La Drome prévoit de créer 100 à 140 places supplémentaires ce qui correspond à la construction de 5 Maisons pour personnes âgées d’une trentaine de places et ne répondra pas aux besoins recensés.
Pourtant il existe d’autres options pour dessiner « la vieillesse heureuse »
De nombreuses personnes âgées n’ont nul désir se soumettent à des choix institutionnels pour se loger, se soigner, vivre, et organiser leur vie citoyenne.
Les personnes âgées sont majeures et tout à fait capables de trouver les réponses à cette question du bien vieillir, tout à fait capables de formuler des propositions sans attendre la phase de dépendance.
Les maisons de vie en petites unités
Leader (organisme de financement européen de la Drôme) a apporté son soutien à ce type de lieu dédié à la vieillesse.
6 à 8 personnes sont accueillies dans leur appartement qu’elles louent et organisent comme bon leur semble avec leur mobilier, leur souvenirs.
Elles sont autonomes et accompagnées si besoin, par un(e) animatrice dédiée à plusieurs maisons capable d’intervenir à l’échelle du village grâce avec une coordination municipale. L’animatrice initie les actions bienveillantes, répond à la demande des habitants avec une solidarité sous forme de « coup de pouce » entre voisins et aide aux personnes en difficulté.
Demandes en matière de soins : aide pour trouver les solutions aujourd’hui très complexes, orientation vers les structures locales, aides soignantes, infirmières, médecins.
Accompagnement vers des activités sociales ou culturelle locales
Financement : les constructions sont payées par les loyers qui tiennent compte des revenus et sont organisés autant que faire se peut par les sociétés HLM
Gratuité pour les activités culturelles et sociales
L’animatrice reste à la charge de la communauté (30 000 euros l’an) et une cotisation annuelle est possible en tenant compte des revenus.
Des logements à partager
Les maisons devenues trop grandes au départ des enfants s’ouvrent à d’autres partenaires qui veulent lutter contre l’isolement.
La cohabitation intergénérationnelle solidaire est une réponse à l’isolement des personnes âgées .
La cohabitation intergénérationnelle solidaire est une solution d’entraide où les seniors de plus de 60 ans peuvent louer ou sous-louer une partie de leur domicile
Cette solution repose sur un échange mutuel où la personne occupante offre sa présence bienveillante, des activités de partage, en contrepartie d’un loyer modeste.
Cette solution peut s’adapter également à l’accueil de personnes âgées comme aux plus jeunes(étudiants).
Financement :
Loyers + contribution à l’association qui gère ce type d’accueil et assure le suivi des personnes accueillies
Les personnes âgées peuvent bénéficier de l’aide de l’animatrice dédiée au bien vieillir. Les personnes bénéficient d’activités, de vigilance en matière de soins, d’un accompagnement pour organiser, coordonner un projet de vie et de santé qui reste à leur charge.
Vieillir chez soi
Quand elles sont encore éloignées du vieillissement, les personnes affirment « on veut vieillir chez nous ! ». La plupart précisent leur propos en murmurant « mais pas tout seuls et bien accompagnés ».
Par ces propos « on veut vieillir chez nous ! » ces personnes âgées redéfinissent le concept vieillesse en privilégiant celui d’une vieillesse en lien et en partage avec le voisinage.
Un Réseau d’Accompagnement Rural pour Personnes âgées.
Ce réseau est créé par les habitants qui n‘habitent pas nécessairement les uns au-dessus des autres mais les uns à coté des autres et sont reliés entre eux par un projet de vie partagé solidaire.
Ce réseau se situe à l’échelle d’un quartier ou d’un villageparce qu’il est fondé sur la participation actives des habitants à la construction de leur projet de vie : la taille du réseau est une donnée importante pour faciliter les échanges.
Ce réseau s’exonère d’investissement immobilier
Les habitants restent dans leur lieu de vie, y gardent une vie sociale et familiale.
Un ou une animatrice accompagne les habitant du secteur afin que les personnes bénéficient d’activités, de vigilance en matière de soins, d’un accompagnement pour organiser, coordonner un projet de vie et de santé qui reste à leur charge.
Seules des adaptations de logements sont envisagées, lesquelles bénéficient de subventions.
Les personnes repérées comme en difficulté bénéficient d’aides financières et de l’accompagnement dédié.
Solidarité sous forme de « coup de pouce » entre voisins ou création d’un groupe d’aide aux personnes en difficulté capable d’intervenir à l’échelle du village grâce à une coordination municipale
Pour toutes les formes d’accompagnement de la vieillesse
La création de postes d’accompagnement pour organiser, coordonner un projet de vie et de santé est indispensable (conciergerie dédiée aux personnes âgées) Ces postes peuvent être financés par la collectivité et les utilisateurs sont appelés à participer en fonction de leurs moyens financiers
Les animateurs prennent en charge tous les habitants repérés comme en situation de fragilité quel que soit le mode d’accueil (MARPA, maisons de vie en petites unités, logements à partager , réseau d’accompagnement des personnes âgées en milieu rural) .
Qu’ils soient en MARPA ou inscrits dans un réseau d’accompagnement, les personnes âgées ont besoin des mêmes services et c’est là une notion d’équité.
Une aide à l‘informatique est nécessaire pour tous (rôle de france active et le lien 26) notamment pour la mutuelle
Mise à disposition des personnes loin de l’informatique (30 % de la population) de documents d’information papier : guide des structures de soins et des contact importants (animatrice, mairie…)
Faciliter les déplacements : transport accompagné par l’animatrice en cas de perte du permis de conduire ou de difficultés à conduire ou transport à la demande
Assurer un suivi régulier des personnes en difficulté
Randonnées santé – chant -réflexions partagées – partage de savoirs et de savoirs faire.Soirées conviviales et exploits culinaires à partager, repas d’été chez l’habitant, repas des voisins, tout ce qui fait lien social assure la pérennité du projet et permet de lutter de manière efficace contre l’isolement
La « taxe Zucman », du nom de l’économiste Gabriel Zucman. Si les quatre groupes de gauche (LFI, PS, écologiste et communiste), ainsi qu’une grande majorité de citoyens défendent l’instauration de cette taxe, le gouvernement, le RN et le reste de l’hémicycle y sont fermement hostiles.
Que prévoit la « taxe Zucman » ?
La « taxe Zucman » prévoit l’application d’une « contribution différentielle », un impôt plancher, visant les patrimoines de plus 100 millions d’euros.
L’objectif est d’assurer que ces contribuables « ultra-riches » payent bien au moins 2% de leur fortune en impôt et de redonner sens à l’engagement d’égalité prévu dans la constitution.
IL s’agit juste de faire en sorte que les riches paient la même chose que les citoyens ordinaires ou que les PME. C’est juste un minimum de justice fiscale !
Il faut en finir avec les stratégies organisées par les spécialistes de l’évasion fiscale qui permettent à certains multimillionnaires, de structurer leur patrimoine pour en diminuer la fiscalité.
Si le montant des impôts payés par ces foyers (sur le revenu, fortune immobilière ou encore CSG) atteint déjà 2%, alors ils n’auraient pas besoin de s’acquitter de la « taxe Zucman ».
Avec la taxe, Gabriel Zucman et la gauche espèrent rapporter de 15 à 20 milliards d’euros
« Ça ne concerne que les ultrariches (qui) font de la sur-optimisation fiscale. Ceux qui payent régulièrement leurs impôts payent déjà plus de 2% »,.
La « taxe Zucman » est critiquée, au centre, à droite, à l‘extrême droite et dans le monde patronal,.
Face aux critiques, le PS a proposé une alternative : un impôt minimum de 3% à partir de 10 millions d’euros de patrimoine, mais en excluant les entreprises innovantes et familiales ce qui ne eut que satisfaire les grandes fortunes (LVMH, Dior etc)
Cette version rapporterait cinq à sept milliards d’euros selon le PS, soit deux fois moins que ce qui est attendu de la taxe Zucman.
Mais cette version allégée n’aura pas non plus le soutien de LR, ni du RN. « Une pâtisserie allégée reste une pâtisserie », a résumé le rapporteur général du Budget Philippe Juvin (LR).
La taxe Zucman, c’est « non, ni light ni hard ni rien du tout », a renchéri Marine Le Pen, affirmant qu’elle touchait « beaucoup plus de personnes »que la version d’origine.
A nous les citoyens d’imposer cette taxe à ces « pauvres riches » qui n’ont pas le sens de la patrie. Si la France est en faillite, il faut qu’ils contribuent à la sauver et ils devraient même le faire sans qu’on leur demande. C’est insensé.
Malgré les réticences des médecins libéraux à l’installation contrôlée (comme c’est la réalité pour les enseignants), l’assemblée a voté à 99 voix contre 9, une installation régulée des médecins. Mais après avis des médecins, des étudiants, des élus, ce texte risque bien de se frotter à l’avis défavorable gouvernement et de la droite sénatoriale..
C’est une victoire, mais l’inquiétude reste entière et nous montre que le lobbying des médecins vaut plus quelles graves difficultés des habitants de déserts médicaux. Philippe MOUILLER (LR) propose une contre proposition. A suivre…
Les propositions : Guillaume Garot député PS votée mercredi 7 mai
Tous les ans, des médecins partent à la retraite sans être remplacés. Depuis plusieurs décennies, des facteurs démographiques combinés aux politiques publiques ont conduit à une aggravation continue de la désertification médicale.
Entre 2010 et 2024, selon le Conseil national de l’ordre des médecins, la densité médicale est en hausse dans 31 départements, alors qu’elle s’est détériorée dans les 69 autres. Le nombre de médecins en activité régulière par habitant en Creuse a ainsi diminué de 31%, quand il augmentait de 16% dans les Hautes‑Alpes. Ces chiffres masquent en outre de fortes disparités au sein des départements.
D’après les chiffres du ministère de la santé, la désertification médicale touche près de neuf millions de Français. Pour les 10% de la population habitant dans les territoires les plus mal dotés, il faut 11 jours pour obtenir un rendez‑vous chez un généraliste, 93 chez un gynécologue et 189 jours chez un ophtalmologue.
En raison de l’évolution de la démographique médicale, le nombre de médecins actifs de moins 70 ans continuera à stagner, voire à diminuer au moins jusqu’en 2030. Si depuis le milieu des années 1990, le nombre de médecins formés a progressé, selon l’auteur de la proposition de loi, le député Guillaume Garot, cet effort n’est pas suffisant du fait du vieillissement de la population et des nombreux départs à la retraite de praticiens.
Les dispositifs déjà mis en place pour inciter à l’installation de médecins dans les territoires mal pourvus (avantages matériels, contrats d’engagement de service public passés avec des étudiants, maisons de santé, passage du numerus clausus à un numerus apertus…) apparaissent de même insuffisants.
C’est pourquoi, il propose plusieurs mesures nouvelles.
Mieux répartir les médecins dans les territoires
L’article 1er de la proposition de loi, tel qu’amendé par les députés, permet de flécher l’installation des médecins, généralistes et spécialistes, libéraux et salariés, vers les zones où l’offre de soins est insuffisante.
Il crée une autorisation d’installation des médecins, délivrée par l’agence régionale de santé (ARS), après avis rendu par le conseil départemental de l’ordre dont ils relèvent. En zone sous-dotée, l’autorisation sera délivrée de droit pour toute nouvelle installation. Dans tous les autres cas, c’est-à-dire lorsque l’offre de soins est suffisante, l’autorisation sera délivrée uniquement si l’installation fait suite à la cessation d’activité d’un médecin pratiquant la même spécialité sur ce territoire.
Il est prévu que ce nouveau cadre soit applicable à une date fixée par décret, et au plus tard un an après la publication de la loi. Ce décret devra être pris après avis du Conseil national de l’ordre des médecins, et consultation des représentants des étudiants en médecine, des usagers du système de santé et des élus locaux.
Cette régulation devra être soutenue par les mesures d’incitation d’installation déjà existantes, notamment pour les jeunes médecins dans les zones sous-denses.
En outre, les députés, ont créé par amendement un indicateur territorial de l’offre de soins (ITOS), qui sera élaboré́ conjointement par les services de l’État en lien avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), avec pour objectif « d’orienter véritablement les politiques de santé« . Cet indicateur dressera annuellement une cartographie précise de la répartition de l’offre de soins, pour chaque spécialité́ médicale, dans chaque commune et de chaque territoire de santé. Il permettra notamment aux ARS de mettre en place la nouvelle autorisation d’installation des médecins. Un décret devra définir sur la base de cet indicateur un niveau minimal d’offre de soins à atteindre pour chaque spécialité́ médicale et paramédicale.
Les autres mesures
Le texte propose d’assurer une formation a minima de première année en médecine dans chaque département. Il fixe aux unités de formation et de recherche (UFR) en médecine l’obligation d’offrir, dans chaque département et en particulier dans les zones sous-dotées en médecins, des formations équivalentes à la première année d’études de santé.
Il prévoit également de supprimer la majoration du ticket modérateur pour les patients qui n’arrivent pas à désigner un médecin traitant. Les caisses d’Assurance-maladie devront informer ces patients sur les structures de soins territorialement compétentes et dont les praticiens pourraient exercer comme médecin traitant.
Près de six millions de Français, dont 600 000 atteints d’affection de longue durée, n’ont pas actuellement de médecin traitant. Cette majoration des tarifs pour les habitants des déserts médicaux est une « véritable double peine« . La loi « Valletoux » du 27 décembre 2023 avait déjà supprimé la majoration du ticket modérateur pour les patients durant l’année suivant le départ à la retraite ou dans un autre département de leur médecin traitant.
Enfin, l’obligation de permanence des soins est rétablie pour les médecins de ville libéraux ou salariés. Depuis la suppression de cette obligation en 2003, les services d’urgence des hôpitaux se sont engorgés. Selon les députés, le principe du volontariat n’est pas suffisant pour répondre à la demande de soins de la population. Ils citent le Conseil national de l’ordre des médecins qui parle de « désengagement des médecins libéraux« . Ainsi, seuls 38,1% des médecins ont participé à la permanence des soins ambulatoires en 2019, ce chiffre baissant au fil des ans. Ce constat est particulièrement criant dans les déserts médicaux.
A Dieulefit on en est où ?
M. le maire nous répond :
« Le projet de santé avance bien, avec la finalisation des plans du rez-de chaussée avec l’association des soignants A2PSD.
Le bâtiment se situera sur le terrain à côté des tennis.
Il sera complété par deux niveaux d’appartements gérés par DAH.
Suite à nos recherches actives de médecins, nous avons plusieurs pistes concrètes. Rien n’est encore acté, et il est donc trop tôt pour annoncer un véritable progrès.«
Une enquête a lieu sur les difficultés que rencontrent les habitants, difficultés que nous avons évoquées lors du journal précédent.
Le département de la drome
crée un accès aux soins
Un centre départemental a ouvert ses portes à Bourg les Valence
Recrutement de plusieurs médecins, d’un assistant, d’une secrétaire en charge avec l’associations »soins et santé »
Avec ce sujet qu’ils déclarent novateur, le département va bien au-delà de ses compétences. Il vient compléter les actions menées pour attirer de nouveaux médecins et faciliter leur action sur le territoire.
Le département :
attribue des budgets d’installation aux médecins
finance les maisons santé
contribue à l’ouverture des logements destinés aux internes en médecine
participe au programme de formation des médecins dans les drome
Nous attendons du département qu’ils nous aident dans la recherche médecins et que toute ces mesures s’appliquent aussi en milieu rural et à Dieulefit : ce serait une belle manière de s’excuser de leur « erreur » sur territoire zéro chômeurs.
Les habitants qui habitent dans notre beau pays se trouvent confrontés à des difficultés. Ils doivent débroussailler sur 50 mètres autour de leur maison et se trouvent, pour de nombreuses familles, face à de grandes difficultés surtout quand ils doivent débroussailler un terrain en pente !
Soit ils font appel à des entreprises dont le prix est élevé ( De 5000 à 20 000 euros)
Soit ils s’attellent seuls à ce travail par manque de budget, mais avec de grandes difficultés car cela suppose de la technique, du matériel, de l’énergie et de nombreux habitants sont âgés.
De plus il faut évacuer les déchets verts et parfois déchèterie sature et les refuse
Face à ces difficultés des habitants sont taxés : des avertissements, des amandes de 150 à 200 euros lesquelles pourront atteindre 1500 euros ou plus…
Propositions des habitants
Nous avons vu à San Francisco que le feu se déplace sur des kilomètres cas d’incendie : ce n’est pas une seule maison qui est concernée mais l’ensemble du village qui se trouve en situations à risques.
D’abord ne faire aucun feu à l’extérieur
Surseoir aux amandes et donner le temps de faire ce travail très lourd
Etudier des aides au débroussaillage pour les personnes fragilisées.
Aider les habitants en déposant des containers dans le village, pour une période donnée, et inviter les habitants à y déposer les déchets verts
Demander aux responsables des eaux et forêt de faire de l’entretien de forêts difficiles sans l’imposer aux habitants
Solidarité : les habitants qui coupent des arbres et ont du bois disponible (mais pas de chauffage au bois) peuvent le donner aux personnes en difficulté qui ont du mal à se chauffer.
Propositions pour les élus du territoire
Réaliser une cartographie des points de prélèvement d’eau disponibles en cas d’incendie et augmenter ces points progressivement
Mettre en place des voies forestières accessibles pour créer une rupture entre l’habitat et la forêt afin de limiter la propagation des feux
Organiser une surveillance systématique l’été et les jours de grand vent et organiser l’annonce en cas de feux
Concertation entre les élus et les habitants
Répondre aux habitants qui n’ont à ce jour aucune réponse des élus à leurs propositions
Organiser des débats et des observations par quartier pour analyser collectivement les situations et les éventuelles évacuations
Définir des responsables par quartier pour suivre les difficultés, apporter les aides nécessaires, les informations et en cas de feu l’aide à l’évacuation.
Bernard Arnaud : Le PDG du numéro un du luxe détenteur de la troisième fortune mondiale avec 131 milliards d’eurosLVMH est actionnaire, via son groupe du quotidien économique Les Echos, du Parisien et de Radio Classique.
Famille Bettencourt et Ken FisherLa famille Bettencourt, à la tête de L’Oréal, s’est associée, à la création de L’Opinion, fondé en 2013 par l’ex-PDG du groupe Les Echos Nicolas Beytout. Le quotidien « libéral, européen et pro-business » compte parmi ses autres actionnaires le milliardaire américain spécialiste de l’investissement Ken Fisher. François Pinault, opinion et GothaAutre grand nom du luxe avec son groupe Kering, François Pinault, dont la fortune s’élève à 37 milliards d’euros, détient au travers de sa holding personnelle Artemis, l’hebdomadaire de droite Le Point. Il fait également partie du consortium propriétaire de Point de vue, le magazine des têtes couronnées. Xavier NielXavier Niel, patron de Free, est entré en 2010 au capital du groupe Le Monde (comprenant aussi Télérama, La Vie, Courrier international) Il rachète en 2014 l’hebdomadaire l’Obs , Nice-Matin, France-Antilles) et prises de participations minoritaires (Les Jours, La Provence, Mediapart).
La famille Dassault, fidèle au FigaroDepuis 2004, la famille Dassault, dont la fortune est estimée à plus de 20 milliards d’euros, est propriétaire du groupe Le Figaro, propriétaire du quotidien de droite et de ses magazines.Le Figaro détient également les médias en ligneWansquare et La lettre de l’Expansion, spécialisés dans l’information économique et financière. Patrick DrahiL’entrepreneur à la triple nationalité (française, israélienne et portugaise), qui pèse 10 milliards d’euros Propriétaire du groupe Altice, est entré dans l’information en 2014 avec le rachat du quotidien de gauche Libération qu’il a renfloué.Un an plus tard, il se constitue un empire médiatique en acquérant le groupe NextRadioTV (devenu Altice Media), propriétaire de BFMTV et RMC, en plus d’autres titres de presse, dont l’hebdomadaire L’Express. Vincent BolloréL’homme d’affaires Vincent Bolloré, à la tête d’un groupe diversifié dans les technologies et la logistique et propriétaire du quotidien gratuit CNews, s’intéresse aux médias dès les années 2000.propriétaire du groupe Canal+ dont il prend le contrôle. C’est avec Vivendi qu’il part en 2020 à la conquête du groupe Lagardère (Europe 1, JDD, Paris-Match, Hachette) dont il prévoit la prise de contrôle intégrale en février. En mai 2021, il est devenu propriétaire de Prisma Media (Femme actuelle, Géo, Gala, Capital), premier groupe de magazines en France. BouyguesLe groupe Bouygues, né du BTP, est entré dans la télévision en 1987 en rachetant TF1 lors de sa privatisation, puis s’est diversifié dans les télécoms. Il a fait de TF1 la première chaîne française en termes d’audiences. Le groupe TF1, qui comprend désormais neuf chaînes (TMC, TFX, LCI…), une filiale de production et un pôle d’activités numériques, a annoncé en 2021 un projet de rapprochement avec M6/RTL
Le collectif citoyen n’a pas ménagé ses efforts pour alerter la population et les élus.
Rencontres citoyennes, journaux ont suscité peu d’intérêt.
Face à la situation, le Collectif citoyen a demandé une audience au maire qui a présenté le plan d’action de la mairie
La catastrophe annoncée est arrivée : offre de soins réduite
M. Le maire dit ne pas avoir prévu suffisamment tôt ce problème dans le plan d’action lors de la campagne électorale.
3 médecins en retraite, dont deux travailleront à temps partiel
Actuellement 2 médecins à plein temps et surbookés
Licenciement de Corinne la secrétaire liée au départ de médecins (traite les RDV, les dossiers, le labo…) très importante pour les médecins et les habitants
Actuellement RDV on s’inscrit sur une liste – 3 heures d’attente parfois et de vraies difficultés pour les personnes âgées ou sans voiture qui peuvent pas se déplacer – peu de possibilité d’être suivi : la pharmacie invite les personnes qui ont une pathologie à suivre à anticiper et à se faire prescrire les ordonnances car cet été sera redoutable.
Des solutions mises en place par la mairie
Informer les habitants du travail entrepris par la mairie : nous avons demandé plus d’information sur ce sujet qui affecte tous les habitants. Une réunion publique est prévue
Créer une commission santé
Une commission travaille avec les acteurs de la santé, et étudie le sujet de la maison de santé. La mairie a rencontré la maison de santé de Cléon d’Andran (7 médecins et 2 gynécologue) pour construire son projet
Notre demande : une commission santé qui regroupe les habitants et les présidents d’association qui sont dans le lien social serait indispensable, car les utilisateurs ont besoin d’information et peuvent apporter au débat
Actions mises en place par mairie
Réembaucher Corinne :
Le Maire a conscience que ce service est essentiel – Il étudie dès son retour de congé son réemploi à mi-temps ou à temps partiel selon son souhait
Cabinet médical actuel : pas de place
Le cabinet actuel peut permettre un accueil d’un médecin dans le seul lieu disponible en juillet, les médecins à temps partiel gardant leur cabinet.
Maisons de santé 2027
2 études sont mises en place pour la construction
Les soignants se sont organisés en association
Convention : la mairie cherche médecins pour valider le projet : pour réaliser une maison de santé, il faut la signature de deux médecins non retraités. Or à ce jour il n’y a qu’un médecin volontaire actuellement en poste, pour signer la convention !
Financements : les financements sont possibles et l’espoir d’une mise chantier en 2026 avec une ouverture en 2027 sont envisagés
Appel aux médecins
La mairie a réalisé une banderole prochainement disponible
La mairie a rédigé une annonce dans le quotidien des médecins
La mairie sera présente au salon des jeunes médecins pour présenter le projet : les avantages d’une installation à Dieulefit : qualité de vie, zone d’intervention prioritaire associée à des aides conséquentes, un projet cohérent de santé avec les différents partenaires…
Un livret de 4 pages est réalisé sur ces thèmes pour inviter les médecins à rejoindre notre beau territoire
La mairie va mandater un bureau de recrutement pour médecins (De 10 000 ou 20 000 euros selon les garanties)
Nous sommes dans l’attente de la prochaine réunion sur l’avancée de ce projet.
Solutions nationales : quelques chiffres pour bien comprendre la situation
Il faut 10 ans pour former des médecins
Mis en place en 1972, le recrutement de médecins est passé de 8500/an à 5000/an entre 1985 et 2005 et il est descendu à moins de 4000 médecins /an entre 1992 et 2002, et ce malgré le vieillissement de la population.
En 50 ans on a formé en moyenne par an 20% de médecins en moins qu’en 1972, soit sur la période un déficit de 70 000 médecins.
En 2021, sont en activité 214 500 médecins dont 94 500 généralistes (44 % de l’ensemble) et 120 000 spécialistes (56 % de l’ensemble)
Le nombre de généralistes continue à diminuer nettement depuis 2012 (- 5,6 %) et la densité encore plus (-8,4%), elle est passée de 153 à 140 pour 100 000 habitants en 2021.
65% des généralistes et 48 % des spécialistes sont en libéral,
La situation dans la Drôme : les Généralistes
391 généralistes libéraux, une densité inférieure de 25% à la moyenne nationale
Baisse de 6 % entre 2010 et 2020 et de 3,1 % entre 2019 et 2020.
Age moyen proche de la moyenne nationale, avec une pyramide des âges défavorable : 57% ont plus de 50 ans, 38% 60 ans et plus, et 16% 65 ans et plus
Conséquence : 51% de la population de la Drôme est soumise à un risque de désert médicale
La Drôme fait partie des rares départements qui ont des communes dont la population est située à plus de 20 minutes d’un médecin généraliste (0,5% de la population du département)
Ces médecins sont regroupés dans 7 des 47 communes du canton, donc pour 85% des communes, les habitants doivent se déplacer dans une autre commune pour consulter un généraliste.
Pourtant le collectif citoyen n’a pas ménagé ses efforts pour alerter la population et les élus. En 2022 nous avons organisé les rencontres citoyennes sur la santé et les enjeux dangereux qui se profilent, diffusé un journal très riche sur la disparition progressive des services de soin en milieu rural, et alerté largement élus et citoyens sur la situation de Dieulefit.
Peu de participants, un seul élu : la santé ne semblait pas intéresser outre mesure.
Aujourd‘hui nous sommes face à la réalité, mais un peu trop tard :
Départ en retraite des médecins : 3 médecins en retraite et deux qui devraient prétendre prochainement à la retraite
Licenciement de la secrétaire : deux docteurs ne peuvent pas assumer seuls les charges de secrétariat.
Alors comment s’en sort-on avec deux médecins surbookés ?
D’abord plus de prise de rendez-vous. La secrétaire était très importante dans la globalité des soins : dépouillement des courriers reçus des labos, gestion des analyses médicales, lien avec différents spécialistes pour les recherches de rendez-vous, et surtout organisation des rendez -vous quotidiens.
Désormais, pour obtenir une consultation, il faut se présenter au cabinet médical, s’inscrire sur une liste de RDV possibles tous les quarts d’heure et quelquefois revenir le lendemain si la liste est complète. Le nombre de patients dans la salle d’attente est du jamais vu ! Temps d’attente proche de 3 heures certains jours, notamment le samedi matin !
Alors on fait quoi ?
Embaucher la secrétaire
1 Nous proposons à la mairie de Dieulefit de réaliser l’embauche de la secrétaire et la mettre à disposition du cabinet médical, car elle est essentielle pour les habitants. 5 postes sont créés à la mairie de Dieulefit (environnement, animation, technicien, patrimoine et bibliothèque, urbanisme). Un poste dédié au soin, à l’accueil est nécessaire. De toute façon, dans le cadre de la maison de santé à venir, l’embauche par la mairie d’une secrétaire s’imposera, autant anticiper. C’est un enjeu de sécurité sanitaire, car la population de Dieulefit est âgée.
2 L’appel aux médecins
Le collectif citoyen a fait réaliser une banderole : on fait ce qu’on peut !
« A Dieulefit, il fait bon vivre. Recherchons médecins enurgence » collectif citoyen
La mairie doit organiser une campagne attractive en direction des médecins et des jeunes sortant des facs de médecine et se préoccuper de l’embauche de leur compagne : de nombreux médecins refusent le milieu rural ne trouvant pas de place pour leur épouse.
3 Maison de santé en 2027
Nous ne sommes pas tenus au courant du devenir de la maison médicale actuelle qui peut être dans l’immédiat un espace santé très convenable, et fonctionner immédiatement si un médecin se présente. Cette solution est-elle explorée ?
La maison de santé prévue pour 2027, fait l’objet de négociation avec les professionnels de santé. Si d’aventure on trouve le budget nécessaire pour une construction, compte tenu des difficultés financières actuelles, il faut néanmoins se mobiliser pour trouver des solutions immédiates. L’option de création d’un centre de santé avec des médecins salariés doit également être explorée.
Nous demandons aux élus de se mobiliser pour trouver des solutions : c’est urgent !
Les riches, qui continuent de s’enrichir, polluent d’autant plus que leur patrimoine financier est important, et les politiques du gouvernement français les favorisent au détriment du reste de la population. Tel est le constat limpide énoncé par l’économiste Lucas Chancel qui défend un fort investissement public financé par l’impôt progressif pour renverser cette tendance et soutenir la transition écologique.
Lucas Chancel est docteur en économie, spécialiste des inégalités et de la transition écologique. Ses travaux portent sur la mesure des inégalités économiques, leur interaction avec le développement durable et la mise en œuvre de politiques publiques sociales et environnementales. Il est codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales et professeur affilié à Sciences Po.
Lucas Chancel.
Reporterre — En 2015, votre équipe avait établi le lien entre les niveaux de richesse dans le monde et les niveaux d’émissions de gaz à effet de serre. Depuis, les riches sont-ils devenus moins émetteurs ?
Lucas Chancel — Les riches sont devenus plus riches, on le voit clairement dans les études sur le patrimoine. On avait encore du mal à prendre en compte en 2015 le contenu carbone du patrimoine financier et non-financier. On commence tout juste à l’intégrer dans nos analyses. Les flux de dividendes, ce sont les revenus du capital. Le volume de carbone est globalement associé à ces flux du revenu. Et donc les très, très riches, les milliardaires, ont vu croître leurs émissions en liaison avec leurs actifs financiers.
On peut considérer les choses autrement : on reste souvent dans une logique où l’on mesure le carbone du consommateur, ce qui va nous enfermer dans des politiques de « taxe carbone sur les consommateurs » en oubliant qu’il y a des gens qui font des choix d’investissement dans des entreprises, par exemple d’investir à 80 % dans les énergies fossiles, tels les actionnaires de Total. Ces gens sont coresponsables des émissions faites ensuite par des consommateurs qui vont utiliser du pétrole. Il faut donc relativiser le rôle du consommateur par rapport à celui, très important, de l’investisseur capitaliste.
Cela veut-il dire que si l’on veut réduire les émissions, il faudrait viser le capital ?
Ce qui est clair, c’est qu’il faut aller vers plus de propriété collective du capital. Depuis 1970, le stock de capital privé est passé d’environ 400 à 500 % du PIB à environ 700-800 %. Dans le même temps, le stock de capital du patrimoine public est passé d’environ 80 % du revenu national à 0 %. On a vendu les autoroutes, on a vendu plein d’entreprises publiques, et en plus on a fait de la dette publique détenue par le secteur privé.
Tout ceci s’est passé dans un contexte où le marché se plante royalement depuis 150 ans sur la question climatique. Les États aussi, mais aujourd’hui, ils en sont davantage conscients, et ils ont davantage les moyens d’investir vite. Donc, il faut plus de propriété collective publique de ce capital pour investir vite dans les bons secteurs. Et cela ne peut se faire qu’en taxant davantage, en redistribuant davantage, afin de recréer de la richesse publique.
Comment faire, concrètement ?
Déjà, il n’est pas normal qu’on n’ait aucune information publique sur le contenu carbone des actifs. Les banques nous racontent n’importe quoi en vendant des livrets « développement durable » dans lesquelles il y a des actions Total, par exemple. Il suffit qu’une boîte dise, « Voilà j’ai un plan un peu vert », et on va appeler cela « finance durable ». Il faudrait un observatoire du contenu carbone du capital, ce qui permettra de savoir dans quoi on investit.
Ensuite, il faut utiliser cette information pour fiscaliser le patrimoine. Cela veut dire le retour de l’impôt sur la fortune, mais avec un malus quand le patrimoine est investi sur du carbone. D’une part cela va dissuader d’investir sur du carbone, et d’autre part cela va permettre de recréer un patrimoine collectif de la transition écologique avec des secteurs nouveaux qui pourront être pris en charge en partie par la puissance publique. Donc, voilà les deux outils pour commencer : plus d’information, plus de fiscalité.
Le troisième volet concerne les inégalités. Les inégalités sont très fortes, elles augmentent, et il risque d’y en avoir encore plus selon les secteurs où va se développer cette transition. Il faut anticiper où la richesse de demain va se créer. Or l’acteur public est maître du jeu — on l’a oublié depuis quarante ans ! C’est lui qui décide si telle ou telle licence peut être octroyée à telle ou telle entreprise, si tel ou tel secteur a droit ou pas de commercer sur tel ou tel territoire. Aujourd’hui on sait que les seuls secteurs où il faut créer de la richesse sont ceux du bien-être et de la réduction des inégalités — service public, santé, éducation, culture —, et ceux de la transition écologiste.
La crise du Covid-19 a-t-elle modifié la donne ?
Le changement de trajectoire n’est pas clair. Sur les marchés financiers, on observe une poursuite de la croissance des très hauts patrimoines. Les plans de relance n’ont pas fait bifurquer l’économie. On a balancé 100 milliards sans aucune contrepartie écologique et sociale. Tout un pan de l’économie de la culture et des services s’effondre sous nos yeux. Une partie des commerces vont déposer le bilan — et pourraient être rachetés par les entreprises qui se sont enrichies pendant la pandémie.
« Le gouvernement n’est pas du tout à la hauteur de l’enjeu. »
Le choix de développer un capitalisme numérique en assumant qu’il y ait une crise écologique et une inégalité croissante n’est-il pas délibéré ?
La situation est effectivement perçue comme une fatalité : il y aurait toujours un quart à la moitié de la population paupérisée, et qui travaillera au service de l’autre partie. Les partis politiques n’auraient qu’à se préoccuper des mieux portants, en essayant de maintenir les pauvres à un niveau supportable. Sur le climat, je me demande s’il n’y a pas un déficit de compréhension de ce qui est en train de se passer et si tout le monde a bien conscience des cataclysmes qui s’enclenchent. Mais en tout cas, on peut dire clairement que le gouvernement n’est pas du tout à la hauteur de l’enjeu. Il n’a pas appris des erreurs des trois premières années du quinquennat.
Que disaient les Gilets jaunes ? « Pas d’écologie sans justice sociale ni sans justice fiscale ! » Et quelle a été la mesure issue de la Convention citoyenne pour le climat qu’a d’abord retoquée le Président ? La taxe de 4 % sur les dividendes avec un taux progressif pour financer la transition. Cela montre qu’il y a une logique consistant à dire qu’il n’y a pas besoin de justice sociale pour mettre en place une transition écologique.
Pourrait-on résumer cela en disant que Macron représente le parti du capital ?
Le gouvernement fait des choix qui favorisent ceux qui ont du patrimoine et défavorisent ceux qui n’ont comme patrimoine que le service public, qui est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. La santé et l’éducation font les frais des politiques de réduction de l’impôt sur les plus aisés.
Ceux qui ont du patrimoine sont-ils les capitalistes ?
Oui.
Donc, dire que le gouvernement favorise ceux qui ont du patrimoine n’est-il pas une façon de dire que le gouvernement favorise les capitalistes ?
Oui sauf que ces termes vont braquer les gens, ou plutôt, ils vont moins comprendre ce que cela veut dire, pensant tout de suite : « Bon, mais ça, c’est une pensée marxiste. Passez votre chemin, ce n’est pas pour moi. »Effectivement ceux qui ont du patrimoine sont des capitalistes. Le gouvernement favorise ceux qui ont du patrimoine et favorise par conséquent les capitalistes. Mais je préfère mettre l’accent quand même sur des mots qui peuvent être employés…
…sans crisper.
Oui. Le problème que je vois là-dedans est que les capitalistes sont associés dans l’imaginaire collectif à des gens avec des gros ventres, des chapeaux et des cigares ! Mais aujourd’hui, les capitalistes sont surtout les 10 % du haut de l’échelle des revenus et des patrimoines. Il est important de faire que les gens se rendent compte qui sont ces personnes possédant des actions des entreprises françaises comme L’Oréal, Thalès, etc. Ou de l’immobilier qui va être investi sur des marchés afin d’obtenir des rentes. Les capitalistes, ce sont ceux qui ont du patrimoine.
L’esplanade de la Défense. Pour Lucas Chancel, les actionnaires de Total sont coresponsables des émissions des consommateurs de pétrole.
Vous avez écrit que la loi Climat fait payer la transition aux plus modestes. En quoi ?
Elle fait payer à la fois la transition et l’absence de transition. L’absence de transition pèse davantage sur les plus modestes, qui sont davantage affectés par les changements climatiques en cours et à venir. Et par ailleurs, en refusant tout débat sur la fiscalité et sur comment on finance cette transition écologique, on en revient à ne pas faire contribuer à leur juste part ceux qui polluent beaucoup et qui ont des fortes croissances de leurs revenus et de leur patrimoine. Et donc, on fait surfinancer la transition par les classes moyennes et par les classes populaires.
Que faudrait-il faire ?
Investir beaucoup plus. Selon l’Institut pour l’économie du climat, 135 milliards supplémentaires sur la transition écologique d’ici à 2030. Le plan de relance a mis sur la table 30 milliards sur neuf ans : on est très loin du compte. Pour trouver les 100 milliards qui manquent, il faut des impôts progressifs. On pourrait dire : on s’endette à taux zéro. Mais au final, on devra soit rembourser la dette, soit l’annuler. Si on l’annule, qui payera ? Ceux qui ont les titres de dette, ceux qui ont du patrimoine. Et si on la rembourse, on la rembourse par l’impôt. En fait, derrière chaque émission de dette, il y a la question de la distribution. Il me semble qu’il serait beaucoup plus transparent de se reposer sur la fiscalité pour financer ces investissements.
« Un impôt qui fait payer à chacun sa juste part, selon ses moyens. »
Qu’est-ce que cela implique concrètement ?
Un impôt qui fait payer à chacun sa juste part selon ses moyens, dans la logique de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen, préambule de la Constitution française : la contribution commune « doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés ». Votre taux d’impôt sera plus élevé si vous gagnez un million d’euros que si vous en gagnez mille.
Le niveau d’endettement public atteint des sommets quasiment historiques. Est-ce une menace pour l’activité économique des prochaines années ou pour l’équilibre social ?
Ce qui serait une menace grave, c’est d’utiliser l’argument de la dette pour couper dans la dépense publique. C’est l’inverse dont on a besoin aujourd’hui. Pour que notre société ne se délite pas, on a besoin de plus de services publics, de plus d’investissements publics, parce que le marché depuis quarante ans n’a pas été capable de gérer les problèmes du climat et de la santé.
Cette dette, on ne peut pas demander aux classes populaires et aux classes moyennes, aux jeunes d’aujourd’hui qui sont sacrifiés durant la pandémie, qui perdent deux ans de vie sociale, deux ans d’éducation normale, qui vont arriver sur un marché du travail extrêmement compliqué, on ne peut pas leur demander de rembourser la dette.