Installer de nouveaux agriculteurs 

Installer de nouveaux agriculteurs : le gouvernement n'est pas à la hauteur

6 millions d’hectares de terres agricoles, soit presque un quart des terres agricoles françaises. Voici la surface qui devrait changer de main d’ici 2030. Ce chiffre est révélé par l’association Terre de liens, dans un rapport publié le 20 février.

Plus d’un quart des agriculteurs et agricultrices devrait partir à la retraite d’ici 2030, il y a donc urgence à installer de nouveaux agriculteurs, plaide l’association. Mais la tendance ne va pas dans ce sens, déplore-t-elle. En effet, « plus de la moitié des surfaces libérées » vont à l’agrandissement des fermes voisines. La difficulté à accéder à des terres empêche les nombreux candidats à l’installation de réussir leur projet. Sur 21 000 candidats chaque année, seuls 12 500 réussissent à se lancer, relève Terre de liens. Ainsi, selon ses projections, les agriculteurs et les fermes devraient continuer de disparaître. « En 2030, il y aura 400 000 agriculteurs et 300 000 fermes, contre 496 000 agriculteurs et 381 000 fermes en 2020 », affirme le rapport.

Alors qu’une loi d’orientation agricole, censée faciliter l’installation en agriculture, devrait être dévoilée cette semaine, l’association fait des recommandations pour faciliter l’accès aux terres. En particulier, elle demande des mesures permettant de massifier le portage foncier agricole, c’est-à-dire l’achat de terres agricoles par des structures qui les mettent ensuite à disposition des agriculteurs, à l’image de ce que pratique l’association. Elle demande en particulier que ce portage soit réservé à des fermes agroécologiques, qu’il soit non spéculatif, que ces structures aient une gouvernance désintéressée. Quand ces conditions sont remplies, l’association recommande des incitations fiscales.

Jusqu’ici, selon les dernières annonces, le gouvernement prévoit une enveloppe de 80 millions d’euros sur dix ans. Cela « ne permettrait d’acheter que 1 300 ha par an, soit 0,1 % des terres agricoles qui se vendent chaque année, pour faciliter environ 40 installations sur toute la France… là où le renouvellement des générations, et avec lui notre résilience alimentaire, nécessitent l’installation de 20 à 25 000 agriculteur·trices par an », déplore le rapport.

Hommage à Bernard Delpal

« Je l’ai connu à l’âge de 20 ans et nous avons parcouru le territoire ensemble. Quand il a découvert Dieulefit, ce fut un coup de cœur, une émotion extraordinaire face à l’histoire insolite qui est celle de ce pays qui nous a accueillis et qui est devenu sa passion. Il a travaillé avec acharnement pour sortir Dieulefit de l’anonymat et faire connaitre à la France entière ce courage des habitants unis pour accueillir collectivement et lutter contre l’envahisseur.
Merci à lui et à PMH qui continue le travail entrepris » Mariette Cuvellie
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Le collectif citoyen s’associe à cet hommage présenté par PMH et vous invite à y participer


Message de PMH

« Et nous serions très heureux de partager ces moments d’échanges avec vous.

Bernard a été le créateur, la référence historique, l’animateur, en un mot l’âme de l’association  PMH pendant 15 ans.

Nous honorerons sa mémoire en nous attachant à montrer en quoi Bernard, avec PMH, a fait émerger et rayonner des pans entiers de l’Histoire et des Mémoires du Pays de Dieulefit, tant historiques que sociaux, culturels ou économiques. »

Lors de cet hommage, un diaporama déclinant cinq thèmes liés aux événements organisés par PMH (Santé/ Éducation et transmission / Résistance civile / Artistes réfugiés et locaux / De l’artisanat à l’industrie) sera diffusé et pourra donner lieu à des échanges autour des témoignages portés.

Comptant sur votre présence,

Bien cordialement,

Brigitte BATONNIER Présidente de l’association PMH

Patrimoine, Mémoire et Histoire du Pays de Dieulefit     

pmh@memoires-histoire.org           Site Web:     www.memoires-histoire.org 

L’agriculture en révolte

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Colère des agriculteurs : la Confédération paysanne appelle au front commun sur deux

La Confédération paysanne lance un appel aux autres syndicats agricoles sur deux revendications : la fin des accords de libre-échange, et « l’interdiction formelle de l’achat des produits agricoles en dessous de leur prix de revient ».


La Confédération paysanne, troisième syndicat agricole français, lance un appel aux autres organisations. « Un point commun se retrouve dans tous les blocages, dans toutes les colères exprimées par les agriculteurs et agricultrices : alors que notre métier est d’utilité publique, nous ne gagnons pas toutes et tous correctement notre vie », note le syndicat dans un communiqué.

« Dans un esprit de solidarité et de responsabilité, nous lançons un appel urgent aux autres syndicats agricoles à se positionner clairement et fermement sur deux mesures cruciales », écrit la Confédération Paysanne.

Un appel à « unir nos voix »

Le syndicat, classé à gauche, demande ainsi aux autres (##SEA, Jeunes Agriculteurs, Coordination rurale, Modef) de se positionner d’abord pour « réclamer conjointement l’arrêt des accords de libre-échange et la suspension immédiate de toutes les négociations, dont l’accord avec le Mercosur, car ils mettent en concurrence les agriculteurs et agricultrices à travers le monde, et nous empêchent de nous rémunérer au juste prix. »

La Conf’souhaite également porter « l’interdiction formelle de l’achat des produits agricoles en dessous de leur prix de revient ».

Pour le syndicat, « c’est en unissant nos voix, en rassemblant les forces de tous les syndicats agricoles, que nous serons à même d’obtenir des mesures structurantes et des engagements forts de la part de nos dirigeants politiques. » 
Le début d’un front commun ? Même s’ils sont d’accord pour dénoncer le « malaise »au sein du monde agricole, leurs divergences sont parfois grandes sur différents sujets.

La droite et l’extrême droite ont voté la PAC ( politique agricole commune) !

Loi immigration : un parcours de haine

La loi a été promulguée le 26 janvier 2024. Elle a été publiée au Journal officiel du 27 janvier 2024.

Le texte initial présenté par le gouvernement contenait 27 articles, le texte voté par le Parlement 86 articles. 

Le Conseil constitutionnel a censuré plus du tiers de ces articles, introduits au cours de l’examen du texte au Sénat.

L’essentiel de la loi immigration

La loi comporte plusieurs volets : travail, intégration, éloignement mais aussi asile et contentieux des étrangers. 

Travail des étrangers 

Les travailleurs sans papiers exerçant dans des métiers en tension (BTP, aides à domicile, restauration…) pourront se voir délivrer à titre exceptionnel, comme aujourd’hui, une carte de séjour « travailleur temporaire » ou « salarié ». Cependant, ils ne seront plus obligés de passer par leur employeur pour solliciter cette carte. Ils devront notamment justifier avoir travaillé au moins 12 mois (consécutifs ou non) au cours des 24 derniers mois, résider depuis 3 ans en France et de leur intégration. Les préfets disposeront d’un pouvoir discrétionnaire pour accorder le titre. Cette mesure sera expérimentée jusqu’à fin 2026. Le texte initial du gouvernement allait plus loin en matière de travail puisqu’il prévoyait la délivrance automatique d’une carte de séjour « travail dans des métiers en tension »(sous certaines conditions), ainsi que l’accès immédiat au travail des demandeurs d’asile des pays les plus à risques (et donc susceptibles d’obtenir le statut de réfugié).

Pour répondre aux besoins de recrutement dans les hôpitaux et les établissements médico-sociaux, une nouvelle carte de séjour pluriannuelle « talent – profession médicale et de la pharmacie » de 4 ans est instituée au profit des médecins, dentistes, sages-femmes ou pharmaciens praticiens diplômés hors Union européenne (PADHUE).

Les cartes de séjour « talent » destinées aux salariés qualifiés et aux porteurs de projet sont simplifiées.

Afin de lutter contre le travail illégal des travailleurs dits « des plateformes », la loi conditionne l’accès au statut d’auto-entrepreneur à la détention d’une carte autorisant à travailler sous ce statut.

Les sanctions contre les entreprises employant des travailleurs irréguliers sont renforcées.

Intégration et titres de séjour

Les étrangers qui demandent une première carte de séjour pluriannuelle devront avoir une connaissance minimale de la langue française (niveau A 2). Aujourd’hui, ces cartes de séjour, en général valables 4 ans, sont délivrées à la seule condition d’avoir suivi un apprentissage du français dans le cadre du contrat d’intégration républicain, mais sans obligation de résultat. Le niveau minimal de français exigé pour l’octroi d’une carte de résident et pour la naturalisation est par ailleurs relevé (niveaux B1 et B2). 

Les obligations des employeurs en matière de formation au français de leurs salariés étrangers sont renforcées. 

Tous les étrangers qui demandent un document de séjour devront s’engager à respecter les principes de la République par la signature d’un nouveau contrat (liberté d’expression et de conscience, égalité femmes-hommes, devise et symboles de la République…). Aujourd’hui, pour certains titres de séjour, cette condition de respect des principes républicains n’est pas prévue. En cas de rejet d’un de ces principes, les préfectures refuseront le titre de séjour ou pourront le retirer ou ne pas le renouveler.

Les étrangers victimes de « marchands de sommeil » ayant déposé plainte se verront délivrer une carte de séjour pendant la durée de la procédure pénale.

De nouveaux motifs de refus de délivrance, de renouvellement ou de retrait des cartes de séjour temporaire sont créés (fraude documentaire, infractions commises contre des élus ou des agents publics…). La menace grave pour l’ordre public devient un motif de non-renouvellement ou de retrait de la carte de résident. De plus, pour le renouvellement de certains titres longs, une condition de résidence habituelle en France est posée.

Possibilités d’éloignement renforcées

La loi entend faciliter l’éloignement des étrangers qui représentent une menace grave pour l’ordre public. Elle permettra l’expulsion des étrangers réguliers, même présents depuis longtemps en France ou y ayant des liens personnels et familiaux, condamnés notamment pour des crimes ou délits passibles d’au moins 3 ou 5 ans de prison, selon la situation de l’étranger, ou impliqués dans des violences contre des élus ou des agents publics. Parallèlement, le juge pourra plus largement prononcer une interdiction du territoire français (ITF). La loi supprime par ailleurs les protections dont bénéficient certains étrangers irréguliers (étranger arrivé en France avant ses 13 ans, conjoint de Français…) contre une obligation de quitter le territoire français (OQTF). L’OQTF ne pourra être prise par la préfecture qu’après vérification du droit au séjour, en tenant notamment compte de certains éléments (ancienneté de séjour et des liens de l’étranger avec la France…). Les mineurs étrangers continuent d’être protégés contre une OQTF.

Les étrangers visés par une OQTF et qui sont dans l’impossibilité de quitter la France (par exemple en cas de guerre dans leur pays) pourront être assignés à résidence pendant 3 ans maximum (contre un an aujourd’hui), sous certaines réserves émises par le Conseil constitutionnel.

Pour faciliter l’exécution des mesures d’éloignement, la loi permet de conditionner l’attribution de visas à la bonne délivrance des laissez-passer consulaires par les États étrangers

Le texte autorise la création d’un fichier des mineurs étrangers isolés délinquants. Il exclut, en outre, les jeunes étrangers majeurs de moins de 21 ans sortant de l’aide sociale à l’enfance et frappés d’une OQTF du bénéfice d’un contrat jeune majeur (accordé par les départements).

L’interdiction de placer en rétention administrative les mineurs étrangers est posée.

D’autres mesures pour lutter contre l’immigration irrégulière complètent le texte : répression accrue contre les passeurs et les « marchands de sommeil », contrôle visuel possible des voitures particulières en « zone-frontière » (et non plus seulement des camionnettes de plus de neuf places)…

Asile et contentieux des étrangers

La loi prévoit le déploiement progressif de pôles territoriaux dénommés « France asile » après mise en place de 3 sites pilotes, en remplacement des guichets uniques d’accueil des demandeurs d’asile (GUDA). Ces pôles permettront en un même lieu l’enregistrement du demandeur d’asile par la préfecture, l’ouverture de droits par l’Office français de l’immigration et l’intégration (OFII) et l’introduction de la demande auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). 

L’organisation de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) est aussi réformée, avec la création de chambres territoriales de la CNDA et la généralisation du juge unique. La formation collégiale ne sera saisie que pour les affaires complexes.

Les demandeurs d’asile qui présentent un risque de fuite ou une menace à l’ordre public (sortants de prison, interpellés…) pourront être assignés à résidence ou placés en rétention, sous certaines conditions.

Enfin, le contentieux des étrangers (qui représente 40% de l’activité des juridictions administratives) est simplifié. Le nombre de procédures contentieuses types est réduit de 12 à 3. Cette simplification s’inspire d’un rapport du Conseil d’État sur le sujet de 2020. 

La loi comporte un dernier titre relatif aux Outre-mer.

Les mesures censurées par le Conseil constitutionnel

Dans sa décision du 25 janvier 2024le Conseil constitutionnel a censuré pour motif de forme 32 articles (en tant que « cavaliers législatifs » : articles sans lien suffisant avec le texte initial) et 3 articles sur le fond (en partie ou en entier).

Ces dispositions censurées, introduites en quasi-totalité par le Sénat, portent notamment sur : 

  • l’instauration de quotas migratoires ;  
  • l’exigence d’une durée de séjour régulier imposé aux étrangers pour l’accès à certaines allocations (aides personnelles au logement -APL, allocations familiales…) ;  
  • le durcissement du regroupement familial ; 
  • les restrictions sur l’accès au séjour des étrangers malades ;
  • le dépôt d’une « caution de retour » pour les étudiants étrangers ; 
  • le rétablissement du délit de séjour irrégulier ;
  • les conditions d’accès à la nationalité française des jeunes nés en France de parents étrangers ; 
  • la prise d’empreintes digitales d’un étranger clandestin sans son consentement ;
  • les conditions d’hébergement d’urgence des étrangers visés par une mesure d’éloignement ;
  • la prise en compte dans l’attribution de l’aide publique au développement du degré de coopération des États étrangers en matière de lutte contre l’immigration irrégulière.

Un logement c’est un droit

Logement : un toit c’est un droit

« Se loger ici ou ailleurs, c’est la galère. Moi, je suis saisonnier alors quand je trouve un travail et pas de logement à des prix acceptables compte tenu des maigres salaires qu’on me propose, je fuis vers d’autres horizons. »

Alors, les mauvaises langues disent de ces jeunes qu’ils sont fainéants, qu’ils ne veulent pas travailler, et pourtant ils cherchent mais ne trouvent pas celui qui leur offrira un salaire décent et un logement.

La crise du logement est un véritable frein à l’emploi.

Les chiffres publiés par le gouvernement attestent de cette bérézina 

  • Chute des constructions de 20%
  • Autorisation de chantiers : moins 25%
  • Logement social : 2017, 120 000 logements / 2023, 84 000 logements
  • Besoins annuels : 400 000 à 500 000 logements
  • Fédération du bâtiment : 90 000 emplois seront perdus en 2024

Et chez nous comment ça va ?

Nous avons vu sur les panneaux d’affichage locaux des messages de colère opposant touristes, habitants, immigrés ou dans divers villages proches, des propos virulents posés sur les résidences secondaires.
Derrière ces mots parfois violents et peu compatibles avec nos valeurs d‘accueil et de tolérance, il y a de vrais problèmes que nous devons traiter avec les élus, les habitants et tous les partenaires. Nous devons trouver des solutions pour les jeunes du territoire qui ne peuvent pas se loger.

D’abord il faut mettre en place d’un groupe participatif de réflexion sur le sujet du logement ouvert à tous.

  • Analyser la place des logements dédiés aux logements touristiques, aux RB/NB
  • Dénoncer la multiplication d’espaces inhabités (club-med) et mettre en place si besoin des procédures de réquisition
  • Collecter les expériences des jeunes du territoire pour comprendre leur réalité quotidienne
  • Gérer avec le même soin et le même respect, le logement des jeunes et des familles précarisées que les logements touristiques : on a su créer des espaces dédiés aux activités touristiques (comme à Huttopia avec 120 logements dans un site exceptionnel qui fait rêver les habitants, espace loué aux investisseurs 1200€ environ PAR AN). On peut aussi trouver des solutions adaptées aux jeunes, aux habitants du territoire ! Pourquoi ne pas exiger qu’un pourcentage de ces maisons soit réservé à la location saisonnière à prix correct. Ce serait un beau moyen pour les investisseurs de renvoyer l’ascenseur à la collectivité Dieulefitoise et de faire preuve de solidarité.
  • Création d’espaces dédiés à l’habitat temporaire financièrement accessibles : les logements temporaires locaux attribués aux campings de luxe coûtent plus de 1 SIMC par semaine en été et sont inaccessibles aux jeunes.
  •  Construction de logements HLM abordables et écologiques inaccessibles à la spéculation immobilière et aux résidences secondaires 
  • Création de logement en bail réel solidaire : les collectivités peuvent acheter des terrains, et dissocier le bâti du foncier. Les terrains acquis restent propriété des organismes foncier (HLM ou structures à but non lucratif). L’acquéreur rembourse son logement et verse une faible redevance d’occupation pour le foncier. Le logement doit être sa résidence principale, l’accession comme la revente sont sous condition de revenu : un beau moyen de lutter contre la spéculation immobilière.
  • Lutte contre toute forme de discrimination : tenter de demander un logement sans présenter des revenus importants, des cautions multiples devient impossible. Une peau bronzée et nom à consonance étrangère rendent l’accès encore plus complexe.
  • Créer des structures de cautions solidaires : il s’agit d’accompagner les habitants fragilisés, qui ne peuvent pas verser de caution compte tenu des faibles salaires : c’est leur permettre d’accéder au logement grâce à une caisse de solidarité dédiée au logement et abondée par les puissances publiques : ça existe !
  • Refuser les expropriations sans relogement :  au pays des droits de l’homme laisser des familles dans la rue est un crime !

2000 enfants dorment dans la rue au pays des droits de l’homme

Dans la nuit du 2 octobre 2023, en France, on comptait 2 822 enfants restés sans solution d’hébergement, faute de mises à l’abri disponibles, « des enfants pénalisés dans leur développement, leur santé, leur scolarité, et confrontés dès le plus jeune âge aux inégalités et à la grande pauvreté ». 

C’est le constat, alarmant, que dresse, ce mardi 17 octobre 2023, l’Unicef. « Ce chiffre ne tient pas compte des familles à la rue qui n’appellent plus le 115 ou n’arrivent pas à le joindre, et des mineurs non accompagnés, dont bon nombre restent à la rue. Au total, on décompte 8 351 demandes non pourvues au 115 le soir du 2 octobre, soit 2 500 personnes de plus qu’en juin dernier », détaille l’association de défense des droits de l’enfance.

« Des moyens insuffisants » pour répondre « à cette urgence sociale »

Avec le Collectif des associations unies, la FCPE, ou encore Jamais sans toit, les associations initient ainsi « une tribune transpartisane » signée par une cinquantaine de parlementaires (y compris de la majorité) pour demander l’augmentation de la capacité du parc d’hébergement et la mise en œuvre « d’une programmation pluriannuelle de la rue au logement ».

L’exode relève de la condition humaine.

Des colonnes de migrants j’en ai croisé pendant des siècles. Non seulement elles n’ont jamais cessé mais elles ont cru avec le temps. Leur fréquence a augmenté, ainsi que le nombre de marcheurs qui les composent, passant d’une trentaine d’individus à plusieurs centaines, plusieurs milliers, plusieurs millions.

A ceux qui doutent que l’humanité s’améliore je signale ce progrès indiscutable !

Aujourd’hui, sur les écrans, j’aperçois des familles hagardes qui échappent aux coups d’une tyrannie ou aux bouleversements du climat. Lorsque j’arpente Beyrouth, je rencontre des syriens cherchant à s’éloigner des terroristes qui les asservissent, des bombardements qui détruisent leur ville, de la famine, de la pauvreté, de l’injustice, du chaos.


L’exode relève de la condition humaine.

Pourtant ceux qui ne fuit pas, refusent cette réalité. Provisoirement à l’abri campés sur leur terrain ainsi qu’un chêne dans le sol, prenant leurs pieds pour des racines, ils estiment que l’espace leur appartient et considèrent le migrant comme une être inférieur doublé d’une nuisance. Quelle bêtise aveugle !

J’aimerais tant que l’esprit de leurs aïeux circule en eux pour leur rappeler les kilomètres parcourus, les transhumances sans fin, la peur au ventre, l’incertitude, la faim. 

Pourquoi au fond de leur chair, ne subsiste pas les souvenirs de leurs anciens qui survécurent au danger, à l’hostilité, à la misère des guerres ? La mémoire de ces courages ou de leur sacrifice les rendrait moins sots.
S’ils connaissaient et reconnaissaient leur histoire, leur fragilité consécutive, la volatilité de leur identité, ils perdraient l’illusion de leur supériorité. 

Il n’existe pas d’humains plus légitimes à habiter ici que là.
Le migrant n’est pas l’autre ; le migrant c’est moi hier ou moi demain. 

Par ses ancêtres ou par ses descendants, chacun de nous porte mille migrants en lui.

Éric-Emmanuel SCHMITT Paradis perdus

Meilleurs voeux pour 2024

 

La nouvelle année ne s’ouvre pas sous les meilleurs hospices

La guerre, la guerre, toujours la guerre

Des enfants et des adultes sont morts en Israël 

On les pleure

A GAZA des milliers d’enfants et d’adultes meurent sous les bombes

On les pleure

En UKRAINE des milliers d’enfants et d’adultes meurent sous les bombes

On les pleure

Au Burkina Faso, en Somalie, au Soudan, au Yémen, en Birmanie, au Nigeria et en Syrie… Des milliers d’enfants et d’adultes meurent sous les bombes

On les pleure

Et c’est un torrent de larmes qui se déverse sans que nous puissions arrêter les massacres…

Ici la loi sur l’immigration nous entraine vers la fin du pays des droits de l’homme

Mais où sont passés les valeurs qui nous rassemblent ?

PISA OU LA BAISSE DU NIVEAU DES ÉLÈVES EN FRANCE

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C’est le marronnier qui chaque année fleurit et nourrit les unes de la presse au moment de la publication des résultats de l’évaluation PISA (évaluation internationale du niveau de connaissances des élèves de 15 ans). Le classement mondial à la sauce PISA indique régulièrement un recul du niveau des élèves français par rapport aux autres pays. Il ne suffit pas de jouer les « pleureuses ». Il est indispensable de rechercher la généalogie qui aboutit à de tels résultats. D’entrée, il s’agit, non pas de nier la réalité, mais de ne pas faire de ces tests internationaux l’alpha et l’oméga du diagnostic. Il ne s’agit pas de « casser » le thermomètre et sombrer dans le déni, mais d’interroger, tout à la fois, les causes multiples et le système d’évaluation quant à sa pertinence et aux interprétations souvent biaisées qu’il suscite. À partir du diagnostic à prendre avec des « pincettes », il est possible d’élaborer des pistes de remédiation pour autant que les pouvoirs publics en place le veuillent vraiment et ne se contentent pas de postures électoralistes fondées sur des biais idéologiques. L’école publique, gratuite et laïque mérite mieux.

Cet article s’appuie sur les sources suivantes : la revue Le délégué de l’Éducation nationale n° 277, le dossier réalisé par Marianne n° 1395, l’article publié dans The Conversation « Enquête PISA : derrière la baisse de niveau, une hausse des inégalités scolaires ? » de Nadir Altimok (maître de conférences, Université de Lorraine) et Claire Diebolt (directeur de recherche au CNRS, Université de Strasbourg) et l’article publié par Cerises la coopérative « De la démesure à chaque enquête PISA » de Samy Joshua.

Un diagnostic qui interpelle le contrat républicain

L’OCDE(1) sonne l’alarme pour l’ensemble des quatre-vingt-un pays concernés par l’évaluation PISA. En effet, il est constaté des résultats en fortes baisses en mathématiques et en compréhension de l’écrit. La France occupe une place moyenne : 26e position en mathématiques et 29e position en compréhension de l’écrit. Notre système éducatif, aux résultats proches de ceux de l’Espagne, du Portugal, de l’Allemagne, de l’Italie, se caractérise par un lien important entre le statut socio-économique des élèves et les performances réalisées. L’écart entre les élèves issus de milieux favorisés et ceux de milieux défavorisés s’élève à 113 points en mathématiques. Cela doit nous interpeller, car notre contrat républicain repose, entre autres principes, sur l’appétence, depuis la Révolution de 1789, pour l’« Égalité ». C’est l’esprit qui a présidé à la création de l’École publique, gratuite et laïque dès les années 1880 avec les lois scolaires Ferry-Goblet.

Une situation française à comparer avec les autres pays

La baisse du niveau des élèves français est à mettre — non pour relativiser, mais pour prendre du recul —, en parallèle avec les autres pays européens. La baisse des performances hexagonales est, sur les vingt dernières années, de 37 points en mathématiques et de 22 points en lecture. Cependant, même avec des performances moindres, l’écart avec les autres pays européens, compte tenu des marges d’erreur dues aux estimations, ne peut être considéré comme significatif. Force est de constater une baisse quasi généralisée de la performance des élèves dans les pays européens. En revanche, l’écart avec les pays asiatiques s’accentue. Cet écart fait apparaître l’équivalent d’une différence de deux années d’apprentissage scolaire en mathématiques entre l’Asie et la France. Il faut néanmoins nuancer la situation, par exemple avec la Corée du Sud qui organise un système dans lequel les enfants doublent leurs heures de travail scolaire par autant de cours particuliers. Une des conséquences est le nombre important de suicides en cas d’échec scolaire. Cela n’est évidemment pas souhaitable. Il n’est pas question de donner comme modèle à nos enfants le stakhanovisme scolaire.

« Seuil minimum de compétences » (SMC) et « Seuil avancé de compétence » (SAC)

Le seuil minimum de compétences (SMC) pourrait correspondre au niveau 2 de PISA et permet d’identifier le nombre d’élèves en capacité d’effectuer des tâches assez simples dans chacun des domaines de compétences évalués (le score minimum avoisine les 400 points).

Le seuil avancé de compétences (SAC) renvoie davantage à des aptitudes élevées telles que l’inférence (capacité à interpréter un texte, à lire entre les lignes, à comprendre ce qui n’est pas explicitement exprimé) et l’analyse multidimensionnelle (le score minimum à atteindre est autour de 600 points). Le SAC pourrait davantage être le marqueur d’une formation qui pourrait être qualifiée « d’excellence ».

Les tableaux de performances indiquent que 73 % des élèves français atteignent le SMC en français ; ils ne sont que 7 % à atteindre le seuil avancé. Ainsi, moins d’un élève sur 14 parvient à atteindre le seuil avancé, soit en moyenne 2 élèves par classe. Constat plus inquiétant, cela signifie qu’environ 3 élèves sur 10 ne parviennent pas à atteindre le seuil minimum de compétences. Là encore, la mission d’égalité de l’école de la République n’est pas remplie. Il s’agit de fixer comme objectif d’augmenter le pourcentage des élèves atteignant le SAC.

Efficacité des différents systèmes éducatifs : baisse globale

L’efficacité des systèmes éducatifs est mesurée en intégrant le % de SMC et le % de SAC. Il s’avère qu’il y a une baisse, respectivement, de 5 % en lecture et 13,8 % en mathématiques en France, de 4,5 % et 9 % en Europe. L’Asie « tire son épingle du jeu » avec, respectivement, une hausse de 1 % en mathématiques et une baisse de 3,7 % en lecture. La différence d’efficacité en lecture entre la France et l’Europe se révèle être négligeable, mais plus importante en mathématique.

Le constat alarmant est que, en France, moins d’élèves parviennent à atteindre le seuil minimum de compétences, sans toutefois observer parallèlement une hausse de ceux qui accèdent à celui de l’excellence (SAC). L’égalité voudrait que 100 % des élèves atteignent le SMC et qu’une grande majorité atteigne le SAC.

Le système éducatif français se caractérise par l’incapacité, d’une part, à diminuer les inégalités d’accession au niveau SMC et, d’autre part, à élever une partie suffisante de sa population au niveau de l’excellence.

La méthode PISA doit être interrogée et les résultats relativisés

Comme le suggère la revue Cerise pédagogique, il importe de questionner le système PISA qui contient des biais cognitifs et s’avère partiel quant à la représentation du niveau de connaissance. En effet, à juste titre, il est fait remarquer que les USA se classent en meilleure position que la France et pourtant les connaissances scientifiques devraient relativiser cette position. Ainsi, 26 % des États-uniens ignorent que la Terre tourne autour du Soleil, que 52 % ne savent pas que l’Homme a évolué à partir d’espèces précédentes d’animaux. PISA passe à côté de telles énormités sans doute parce que ces questions ne sont pas posées. Les commentaires sur les résultats PISA se déroule comme si des journalistes extrapolaient sur les résultats d’un sondage sans connaître les questions.

Si on compare le gagnant, Singapour, à la France, l’écart, ramené à 20, est de 3.5 (soit par exemple, 19 sur 20 pour Singapour et 15.5 pour la France). Si on enlève les pays asiatiques, l’écart entre l’Estonie (en 7e position) et la France (en 26e) n’est plus que de 1.4 point sur 20. Imagine-t-on un professeur qui jugerait « excellente » une note à 18, « moyenne » celle à 17 et « désastreuse » celle à 16 ? Dans une classe de maths réelle, évidemment les deux groupes Estonie et France n’en feraient qu’un. La France, et c’est notre problème principal, continue à être très mal placée quant à l’écart entre les meilleurs et les plus faibles.

Cerise pédagogique

Des causes multiples qui exigent une approche holistique :

– Problème d’autorité et de discipline

Si longtemps, les enseignants n’avaient pas besoin de fournir de gros efforts pour être écoutés, depuis quelques décennies, leur autorité n’est plus acquise d’office du fait d’une société qui ne reconnaît plus, pour une grande partie, la mission essentielle de leur métier, qui les place en mauvaise position du point de vue du niveau de leur rémunération et qui véhicule les clichés d’enseignants bénéficiant de trop de congés. La réalité indique que l’enseignant du primaire en France effectue plus d’heures en présence des élèves, avec des effectifs (par classe) plus élevés qu’en Allemagne pour une rétribution bien plus faible. Il est à noter — ressenti ou réalité ? — que beaucoup trop d’élèves français affirment ne pas bien travailler lors des cours en raison du bruit, que le temps d’apprentissage est réduit en raison du temps nécessaire pour obtenir le calme. Le pourcentage des élèves se plaignant du manque de discipline, de même que celui des enseignants, se révèle supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE. Le dualisme scolaire privé/public qui concentre les élèves en difficulté et issus de milieux sociaux défavorisés dans les écoles publiques accentue le phénomène. Il serait temps de mettre un terme à ce dualisme et créer un grand service public d’éducation, gratuit et laïque en mettant fin au subventionnement par l’État des écoles privées en général, et confessionnelles en particulier.

– Un fort pourcentage d’élèves défavorisés

Plus que dans les autres pays de l’OCDE, le système scolaire français se caractérise par une forte proportion d’élèves immigrés défavorisés pour 48 % d’entre eux contre 37 % dans les autres pays de l’OCDE. Globalement, la part d’élèves immigrés dans les classes françaises, 16 %, est comparable aux autres pays. Ce pourcentage global ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Dans certains quartiers dits sensibles, le pourcentage peut avoisiner les 100 % avec tout ce que cela implique quant à l’acquisition ou au respect des valeurs de la République et du principe de laïcité. La ségrégation géographique au travers de l’habitat et le dualisme scolaire cité plus haut ne favorisent pas la mixité sociale et culturelle et aggravent la situation. Pour autant, il ne faut pas surestimer l’impact « immigrés ». En effet, force est de constater que souvent les familles les plus fragilisées sont des familles françaises de longue date « classées » dans ce qui est désigné par « quart monde ».

– Aide individualisée insuffisante et formation des enseignants à renforcer

Les adolescents estiment en trop grand nombre (par rapport aux autres pays de l’OCDE) que les enseignants ne consacrent pas assez de temps aux progrès de chaque élève. Comme l’indique Eric Charbonnie(2), il y a un investissement insuffisant « dans la revalorisation du métier d’enseignant et la formation initiale et continue ». Il est loin le temps où dans les années 1970, à la suite de mai 1968, la formation continue à laquelle avait droit chaque enseignant sur son temps de travail s’élevait à l’équivalent d’un an. Il y avait, pour cela, un volant de remplaçants suffisant. À ce constat s’ajoute des effectifs (par classe) très supérieurs en France que dans la moyenne des autres pays de l’OCDE. Cette situation — les sureffectifs— ne facilite pas le suivi individualisé des élèves, notamment pour ceux qui éprouvent des difficultés.

– Un socle primaire fragilisé

Des études se basant sur le long terme indiquent que, certes, au niveau secondaire, l’écart est faible en lecture (moins de 10 points), mais que c’est, à l’évidence, au niveau primaire, que le retard de compétence est important. Il ne s’agit en aucun cas de rendre les enseignants du primaire responsables de cette dégradation. L’immense majorité d’entre eux, malgré des conditions difficiles, remplit sa mission avec professionnalisme au service des élèves et de la Nation. Une des causes, contrairement à d’autres pays mieux classés, est la priorité longtemps accordée au supérieur. Comme l’indique Jean-Luc Delahaye(3), « notre pays marche sur la tête » en n’accordant pas la priorité au primaire.

Quelles pistes de remédiation mettre en œuvre ?

Il faut partir de la réalité renseignée par les diverses études, même si une mise à distance est indispensable, pour aller vers l’idéal. L’idéal est de parvenir à la fois à l’équité qui pourrait être le niveau 2 de PISA à savoir le seuil minimum de compétence pour 100 % d’une classe d’âge et à l’excellence pour la majorité des élèves.

– Groupes de niveaux ? Politique de gribouille

Il s’avère que le collège, décrit comme le « ventre mou » de l’Éducation nationale, doit gérer la grande hétérogénéité du niveau des élèves. Le ministre Gabriel Attal évoque la mise en place de « groupes de niveaux » tout en prenant soin de réfuter la notion de classe de niveau. Cela peut être envisageable si ces groupes sont éphémères et flexibles. Il est souvent constaté qu’un élève placé dans un groupe faible ne sera pas motivé et risque de renoncer et de décrocher. D’autre part, le ministre passe à l’as le fait que les groupes de niveau exigent au moins trois fois plus d’enseignants. Or la prochaine année scolaire, malgré la création de 574 emplois nets dans le secondaire, voit le simple maintien du nombre d’enseignants alors qu’initialement était envisagée une baisse pour 2024.

De plus, tout cela est financé grâce à la suppression d’une heure de soutien et d’approfondissement en sixième. La crainte légitime est que la mise en œuvre des groupes de niveau en français et mathématiques, dès la rentrée de septembre, se réalise au détriment de disciplines dans lesquelles se pratique l’organisation en demi-groupes comme les langues étrangères, les sciences de la vie et de la terre… L’autre crainte est que le recrutement de nouveaux professeurs s’effectue à l’arraché avec des « contractuels ». Enfin, va-t-on vers une différence de moyens entre périphérie urbaine et campagne où se trouvent également des élèves en grandes souffrances scolaires ou difficulté ? Le totem du redoublement à nouveau facilité n’est guère satisfaisant quant à la réussite visée. Les redoublants ne réussissent pas mieux en général.

– Réduire drastiquement les effectifs par classe dès le primaire, maternelle et élémentaire

La piste la plus sérieuse consiste à muscler le niveau primaire avec des classes de 15 élèves qui permettraient une meilleure prise en compte des élèves en difficulté sans pénaliser les « plus performants ». Ajoutons à cela, un enseignant supplémentaire pour cinq classes qui permettraient d’accompagner l’enseignant, soit durant les moments collectifs, soit pour prendre en charge tel ou tel élève en difficulté passagère. Redonner les moyens aux RASED(4)de fonctionner est également une nécessité. Nous ne comptons plus les réseaux qui n’ont plus de psychologues scolaires…

– Mieux rémunérer les enseignants et formations initiales rémunérées

Le primaire musclé pourrait réduire efficacement l’hétérogénéité constatée aux collèges. Attirer les meilleurs professionnels dans l’enseignement suppose une formation initiale renforcée suivie d’une formation continue efficace. Rémunérer dès le baccalauréat les élèves-maîtres pour une formation de deux ou trois ans contribuerait à attirer plus de candidats tout particulièrement ceux issus des classes populaires qui seraient plus en phase avec le public des quartiers dits difficiles. Il est utile de préciser, je l’ai constaté tout au long de ma carrière d’enseignant, que la formation continue n’est pas qu’institutionnelle. En effet, pour ne prendre qu’un exemple, de nombreux enseignants échangent sur leurs pratiques personnelles, se donnent des conseils mutuellement, effectuent des recherches collectives sur la pédagogie notamment dans les groupes locaux « Freinet »(5)La pédagogie Freinet est une pédagogie originale fondée sur l’expression libre des enfants : texte libre, dessin libre, correspondance interscolaire, imprimerie et journal scolaire, etc. Le fondement de cette pédagogie est la valorisation du travail collectif et personnel des élèves. Cette pédagogie propose des techniques en cohérence avec l’un des buts de l’école publique : l’autonomie de jugement pour de futurs citoyens libres et émancipés. Autrement dit, dans cette pédagogie et d’autres, les moyens doivent être en cohérence avec les fins. avec l’ICEM (Institut Coopératif de l’École Moderne) en dehors des heures de services.

Il en est de même avec d’autres initiatives fondées également sur la « pédagogie active » telles celles du Groupe Français d’Éducation Nouvelle (GFEN), de la Pédagogie Institutionnelle ou encore de l’Office central de coopération à l’École (OCCE), de la Ligue de l’Enseignement, des Centres d’Éducation aux méthodes actives (CEMEA), etc. Ce faisant, ces enseignants, dont il faut saluer l’engagement « militant », compensent des lacunes de l’institution éducative. Le niveau de rémunération doit également être sensiblement relevé pour rendre la profession intéressante et attractive.

– Relativiser le coût de telles mesures par le coût économique d’une éducation insuffisante.

Souvent le coût de telles mesures est avancé. Or, cité par Usine nouvelle, Xavier Jaravel(6)évalue le « coût du retard éducatif [à] 140 milliards d’euros [pour] l’économie française ». Il préconise la mise en œuvre de politiques éducatives plus ambitieuses justifiées par la dégradation des résultats scolaires qui est, selon lui, le premier problème de l’économie française.

– Un tabou à lever : l’organisation de l’année et de la semaine scolaires

Alors que dans le primaire, rappelons-le, les enseignants effectuent plus d’heures en présence des élèves par rapport aux pays voisins, dont l’Allemagne sur un nombre de journées scolaires concentré sur une plus courte période, il n’est pas scandaleux, sans augmenter le nombre d’heures en présentiel, de déconcentrer l’année scolaire en réduisant les « grandes vacances ».

– L’organisation de la semaine

Nous sommes passés des années 1960 avec 30 heures par semaine à 24 heures pour les élèves. Cela correspond à un manque de 216 heures/an sans compter que des heures de langues étrangères et de nouvelles compétences se sont rajoutées diminuant d’autant le temps consacré aux autres matières. Cela représente 1080 heures en moins sur cinq ans soit plus d’une année scolaire (864 heures sur la base de 24 heures/semaine). Il serait bon d’organiser la semaine avec quatre jours entiers et deux demi-journées (mercredi matin et samedi matin) afin que les élèves passent plus de temps à l’école à acquérir des connaissances, à développer la pensée rationnelle, le discours argumenté et l’esprit scientifique.

– Une année scolaire plus équilibrée et mieux répartie

Passer de 36 semaines à 40 semaines en diminuant les congés d’été de 8 semaines à 4 semaines sans augmenter la charge de travail des enseignants aurait l’avantage de constituer une année scolaire mieux équilibrée. Cela réduirait la coupure importante de l’été préjudiciable à la continuité des apprentissages. Que reste-t-il des apprentissages après huit semaines d’interruption ? La question sous-jacente est celle de la compatibilité avec les congés des parents.

Pour réaliser cela, il est indispensable de recruter un nombre suffisant d’enseignants afin de maintenir le service à 24 heures/professeur (en primaire) en présence des élèves. Pourquoi ne pas envisager de monter la semaine-élève à 26 heures avec la présence de six enseignants pour cinq classes, 12 pour 10 classes ? Cela serait autant d’heures en moins passées sur les écrans et les réseaux sociaux dont on connaît l’effet dévastateur sur les conditions d’apprentissage(7) et plus d’heures à lire des textes complexes et des livres.

Ne pas jeter l’eau sale du bain avec le bébé : défendons l’école publique gratuite et laïque

Soyons vigilants et ne jetons pas avec l’eau sale du bain (les faiblesses, les manquements) : le bébé, à savoir le bijou que constitue l’école publique, gratuite et laïque avec ses réussites indéniables, mais insuffisantes. Cette dernière avec les enseignants et malgré des conditions difficiles remplit comme elle peut ses missions pour former à la fois des producteurs, ouvriers, employés, cadres, techniciens, ingénieurs, agents de maîtrise, paysans, artisans… et des citoyens conscients et émancipés.

Ainsi que l’affirmait Gaston Bachelard, ce n’est pas l’école qui doit être faite pour la société, mais la société qui doit être faite pour l’école. L’école ne doit pas être soumise à une société affairée qui ne se pose même plus la question des finalités humaines à atteindre, des valeurs universelles à promouvoir. L’école doit cultiver auprès des jeunes gens qu’elle accueille une distance à soi par rapport à leurs particularités, leur permettant ainsi de les maîtriser et d’exprimer leurs différences sur un mode non fanatique. Elle ne doit pas confondre adaptation à une société T à un temps T et soumission à un code apologétique de rapports sociaux directement issu du capitalisme actionnarial et néolibéral.

C’est le socle sur lequel doit se développer notre école publique, gratuite et laïque. La République sans l’école laïque est bancale, l’école publique sans la République et le respect du principe de laïcité est contrariée.

Lucas Chancel : «Il faut un impôt sur la fortune avec un malus sur le carbone

Lucas Chancel : «<small class="fine d-inline"> </small>Il faut un impôt sur la fortune avec un malus sur le carbone<small class="fine d-inline"> </small>»

Les riches, qui continuent de s’enrichir, polluent d’autant plus que leur patrimoine financier est important, et les politiques du gouvernement français les favorisent au détriment du reste de la population. Tel est le constat limpide énoncé par l’économiste Lucas Chancel qui défend un fort investissement public financé par l’impôt progressif pour renverser cette tendance et soutenir la transition écologique.

Lucas Chancel est docteur en économie, spécialiste des inégalités et de la transition écologique. Ses travaux portent sur la mesure des inégalités économiques, leur interaction avec le développement durable et la mise en œuvre de politiques publiques sociales et environnementales. Il est codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales et professeur affilié à Sciences Po.

Lucas Chancel.

Reporterre — En 2015, votre équipe avait établi le lien entre les niveaux de richesse dans le monde et les niveaux d’émissions de gaz à effet de serre. Depuis, les riches sont-ils devenus moins émetteurs ?

Lucas Chancel — Les riches sont devenus plus riches, on le voit clairement dans les études sur le patrimoine. On avait encore du mal à prendre en compte en 2015 le contenu carbone du patrimoine financier et non-financier. On commence tout juste à l’intégrer dans nos analyses. Les flux de dividendes, ce sont les revenus du capital. Le volume de carbone est globalement associé à ces flux du revenu. Et donc les très, très riches, les milliardaires, ont vu croître leurs émissions en liaison avec leurs actifs financiers.

On peut considérer les choses autrement : on reste souvent dans une logique où l’on mesure le carbone du consommateur, ce qui va nous enfermer dans des politiques de « taxe carbone sur les consommateurs » en oubliant qu’il y a des gens qui font des choix d’investissement dans des entreprises, par exemple d’investir à 80 % dans les énergies fossiles, tels les actionnaires de Total. Ces gens sont coresponsables des émissions faites ensuite par des consommateurs qui vont utiliser du pétrole. Il faut donc relativiser le rôle du consommateur par rapport à celui, très important, de l’investisseur capitaliste.

Cela veut-il dire que si l’on veut réduire les émissions, il faudrait viser le capital ?

Ce qui est clair, c’est qu’il faut aller vers plus de propriété collective du capital. Depuis 1970, le stock de capital privé est passé d’environ 400 à 500 % du PIB à environ 700-800 %. Dans le même temps, le stock de capital du patrimoine public est passé d’environ 80 % du revenu national à 0 %. On a vendu les autoroutes, on a vendu plein d’entreprises publiques, et en plus on a fait de la dette publique détenue par le secteur privé.

Tout ceci s’est passé dans un contexte où le marché se plante royalement depuis 150 ans sur la question climatique. Les États aussi, mais aujourd’hui, ils en sont davantage conscients, et ils ont davantage les moyens d’investir vite. Donc, il faut plus de propriété collective publique de ce capital pour investir vite dans les bons secteurs. Et cela ne peut se faire qu’en taxant davantage, en redistribuant davantage, afin de recréer de la richesse publique.


Comment faire, concrètement ?

Déjà, il n’est pas normal qu’on n’ait aucune information publique sur le contenu carbone des actifs. Les banques nous racontent n’importe quoi en vendant des livrets « développement durable » dans lesquelles il y a des actions Total, par exemple. Il suffit qu’une boîte dise, « Voilà j’ai un plan un peu vert », et on va appeler cela « finance durable ». Il faudrait un observatoire du contenu carbone du capital, ce qui permettra de savoir dans quoi on investit.

Ensuite, il faut utiliser cette information pour fiscaliser le patrimoine. Cela veut dire le retour de l’impôt sur la fortune, mais avec un malus quand le patrimoine est investi sur du carbone. D’une part cela va dissuader d’investir sur du carbone, et d’autre part cela va permettre de recréer un patrimoine collectif de la transition écologique avec des secteurs nouveaux qui pourront être pris en charge en partie par la puissance publique. Donc, voilà les deux outils pour commencer : plus d’information, plus de fiscalité.

Le troisième volet concerne les inégalités. Les inégalités sont très fortes, elles augmentent, et il risque d’y en avoir encore plus selon les secteurs où va se développer cette transition. Il faut anticiper où la richesse de demain va se créer. Or l’acteur public est maître du jeu — on l’a oublié depuis quarante ans ! C’est lui qui décide si telle ou telle licence peut être octroyée à telle ou telle entreprise, si tel ou tel secteur a droit ou pas de commercer sur tel ou tel territoire. Aujourd’hui on sait que les seuls secteurs où il faut créer de la richesse sont ceux du bien-être et de la réduction des inégalités — service public, santé, éducation, culture —, et ceux de la transition écologiste.

La crise du Covid-19 a-t-elle modifié la donne ?

Le changement de trajectoire n’est pas clair. Sur les marchés financiers, on observe une poursuite de la croissance des très hauts patrimoines. Les plans de relance n’ont pas fait bifurquer l’économie. On a balancé 100 milliards sans aucune contrepartie écologique et sociale. Tout un pan de l’économie de la culture et des services s’effondre sous nos yeux. Une partie des commerces vont déposer le bilan — et pourraient être rachetés par les entreprises qui se sont enrichies pendant la pandémie.

« Le gouvernement n’est pas du tout à la hauteur de l’enjeu. »


Le choix de développer un capitalisme numérique en assumant qu’il y ait une crise écologique et une inégalité croissante n’est-il pas délibéré ?

La situation est effectivement perçue comme une fatalité : il y aurait toujours un quart à la moitié de la population paupérisée, et qui travaillera au service de l’autre partie. Les partis politiques n’auraient qu’à se préoccuper des mieux portants, en essayant de maintenir les pauvres à un niveau supportable. Sur le climat, je me demande s’il n’y a pas un déficit de compréhension de ce qui est en train de se passer et si tout le monde a bien conscience des cataclysmes qui s’enclenchent. Mais en tout cas, on peut dire clairement que le gouvernement n’est pas du tout à la hauteur de l’enjeu. Il n’a pas appris des erreurs des trois premières années du quinquennat.

Que disaient les Gilets jaunes « Pas d’écologie sans justice sociale ni sans justice fiscale ! » Et quelle a été la mesure issue de la Convention citoyenne pour le climat qu’a d’abord retoquée le Président ? La taxe de 4 % sur les dividendes avec un taux progressif pour financer la transition. Cela montre qu’il y a une logique consistant à dire qu’il n’y a pas besoin de justice sociale pour mettre en place une transition écologique.


Pourrait-on résumer cela en disant que Macron représente le parti du capital ?

Le gouvernement fait des choix qui favorisent ceux qui ont du patrimoine et défavorisent ceux qui n’ont comme patrimoine que le service public, qui est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. La santé et l’éducation font les frais des politiques de réduction de l’impôt sur les plus aisés. 


Ceux qui ont du patrimoine sont-ils les capitalistes ?

Oui.

Donc, dire que le gouvernement favorise ceux qui ont du patrimoine n’est-il pas une façon de dire que le gouvernement favorise les capitalistes ?

Oui sauf que ces termes vont braquer les gens, ou plutôt, ils vont moins comprendre ce que cela veut dire, pensant tout de suite : « Bon, mais ça, c’est une pensée marxiste. Passez votre chemin, ce n’est pas pour moi. »Effectivement ceux qui ont du patrimoine sont des capitalistes. Le gouvernement favorise ceux qui ont du patrimoine et favorise par conséquent les capitalistes. Mais je préfère mettre l’accent quand même sur des mots qui peuvent être employés…


…sans crisper.

Oui. Le problème que je vois là-dedans est que les capitalistes sont associés dans l’imaginaire collectif à des gens avec des gros ventres, des chapeaux et des cigares ! Mais aujourd’hui, les capitalistes sont surtout les 10 % du haut de l’échelle des revenus et des patrimoines. Il est important de faire que les gens se rendent compte qui sont ces personnes possédant des actions des entreprises françaises comme L’Oréal, Thalès, etc. Ou de l’immobilier qui va être investi sur des marchés afin d’obtenir des rentes. Les capitalistes, ce sont ceux qui ont du patrimoine.


L’esplanade de la Défense. Pour Lucas Chancel, les actionnaires de Total sont coresponsables des émissions des consommateurs de pétrole.

Vous avez écrit que la loi Climat fait payer la transition aux plus modestes. En quoi ?

Elle fait payer à la fois la transition et l’absence de transition. L’absence de transition pèse davantage sur les plus modestes, qui sont davantage affectés par les changements climatiques en cours et à venir. Et par ailleurs, en refusant tout débat sur la fiscalité et sur comment on finance cette transition écologique, on en revient à ne pas faire contribuer à leur juste part ceux qui polluent beaucoup et qui ont des fortes croissances de leurs revenus et de leur patrimoine. Et donc, on fait surfinancer la transition par les classes moyennes et par les classes populaires.

Que faudrait-il faire ?

Investir beaucoup plus. Selon l’Institut pour l’économie du climat, 135 milliards supplémentaires sur la transition écologique d’ici à 2030. Le plan de relance a mis sur la table 30 milliards sur neuf ans : on est très loin du compte. Pour trouver les 100 milliards qui manquent, il faut des impôts progressifs. On pourrait dire : on s’endette à taux zéro. Mais au final, on devra soit rembourser la dette, soit l’annuler. Si on l’annule, qui payera ? Ceux qui ont les titres de dette, ceux qui ont du patrimoine. Et si on la rembourse, on la rembourse par l’impôt. En fait, derrière chaque émission de dette, il y a la question de la distribution. Il me semble qu’il serait beaucoup plus transparent de se reposer sur la fiscalité pour financer ces investissements.

« Un impôt qui fait payer à chacun sa juste part, selon ses moyens. »


Qu’est-ce que cela implique concrètement ?

Un impôt qui fait payer à chacun sa juste part selon ses moyens, dans la logique de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen, préambule de la Constitution française : la contribution commune « doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés ». Votre taux d’impôt sera plus élevé si vous gagnez un million d’euros que si vous en gagnez mille.

Le niveau d’endettement public atteint des sommets quasiment historiques. Est-ce une menace pour l’activité économique des prochaines années ou pour l’équilibre social ?

Ce qui serait une menace grave, c’est d’utiliser l’argument de la dette pour couper dans la dépense publique. C’est l’inverse dont on a besoin aujourd’hui. Pour que notre société ne se délite pas, on a besoin de plus de services publics, de plus d’investissements publics, parce que le marché depuis quarante ans n’a pas été capable de gérer les problèmes du climat et de la santé.

Cette dette, on ne peut pas demander aux classes populaires et aux classes moyennes, aux jeunes d’aujourd’hui qui sont sacrifiés durant la pandémie, qui perdent deux ans de vie sociale, deux ans d’éducation normale, qui vont arriver sur un marché du travail extrêmement compliqué, on ne peut pas leur demander de rembourser la dette.